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[English original]
Voilà donc la façon dont nous nous préparons au Sommet de
Halifax à ce moment-ci. En terminant, je tiens à reprendre à mon
compte l'invitation de Gordon Smith. Nous nous ferons un plaisir
de recevoir des suggestions sur la façon de mieux aborder les
problèmes des pays les plus pauvres.
Je m'arrête ici, monsieur le président, et je vous remercie beaucoup.
Le président: Merci beaucoup. Vos observations ont été très utiles.
J'ai les noms de MM. Penson, Volpe et Regan.
M. Penson: Il est particulièrement à propos que nous nous apprêtions à discuter des institutions financières internationales au Sommet des G-7 à Halifax. J'ai entendu ce que vous avez dit au sujet de l'opportunité pour ces institutions de se montrer souple et de s'adapter, mais je pense que nous devons insister davantage.
En nous dotant de ces institutions, nous voulons être en mesure de faire face aux problèmes qui se présentent. Après ce qui s'est passé au Mexique, cependant, nous ne sommes pas très rassurés en ce qui concerne la capacité d'agir rapidement et de prendre les choses en main.
Je pense que dans le cadre des discussions qui se dérouleront à Halifax, la position du Canada devrait être que nous voulons les renforcer, en particulier le FMI, de façon à ce qu'elles puissent jouer leur r“le qui consiste à intervenir rapidement pour prévenir les situations de crise ou y mettre fin.
Je comprends très bien que nous ne pouvons pas nous emparer du processus, comme vous l'indiquez, mais je pense que les pays du G-7 ont une grande influence et peuvent en user à ce niveau.
Qu'en pensez-vous?
Mme Fréchette: Nous sommes tout à fait d'accord avec la façon dont vous décrivez le défi, parce que nous voyons les choses de la même façon nous-mêmes. Et les ministres ont situé le problème de la même façon à Toronto.
Je pense que finalement les institutions et les principaux pays ont trouvé une solution à la situation Mexicaine, mais pour y arriver, ils ont dû, surtout dans le cas du FMI, invoquer des règles exceptionnelles et travailler sous pression. La question est de savoir si de meilleurs mécanismes ou de nouveaux mécanismes n'auraient pas dû exister... il n'y a jamais de solutions toutes faites, mais on peut se demander s'il n'aurait pas dû y avoir un système qui permette de débloquer les ressources nécessaires plus rapidement et avec une meilleure anticipation. Le sujet mérite certainement d'être examiné.
On doit également comprendre qu'on a avantage à prévenir ce genre de situation. C'est pourquoi la deuxième partie du travail consiste à effectuer une surveillance, ce qui implique une meilleure information, un examen constant de l'évolution de la situation mondiale, de façon à ne pas être pris par surprise, à envoyer des avertissements aux pays qui se dirigent vers des crises et à éviter que les choses aillent plus loin.
M. Penson: Je considère les institutions internationales dont nous nous sommes dotées comme une espèce de police d'assurance. Nous voulons avoir le sentiment qu'elles seront là lorsque nous en aurons besoin et qu'elles ne sont pas soumises aux pressions politiques au point de ne pas pouvoir faire leur travail. Je vous incite fortement à continuer de faire valoir ce point de vue. Il me semble que c'est la question plus importante actuellement sur le plan mondial.
M. Volpe (Eglinton--Lawrence): Je tiens à me joindre à mes collègues pour vous souhaiter la bienvenue à notre comité, madame. J'ai quelques questions directes à vous poser, si vous me permettez d'être quelque peu prosaïque.
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Je ne m'y retrouve plus très bien dans ce que notre sous-ministre, M. Smith dit et dans ce que vous avez vous-même déclaré relativement à la façon de faire valoir les intérêts Canadiens dans le contexte des institutions financières internationales. En tant que comité, nous essayons de nous saisir de ce sujet et de voir quelle est la place du Canada, quels sont les intérêts canadiens à ce niveau. Je pense avoir entendu le terme à deux reprises, même après que je l'ai noté. Je dois être sur la même longueur d'ondes. Comment pouvons-nous faire valoir les intérêts du Canada--je ne suis pas sûr de vous avoir bien comprise--si tout ce que nous sommes prêts à faire c'est d'exercer une certaine surveillance de ces institutions?
Mme Fréchette: Si c'est ce que vous avez compris... nous ne pensons certainement pas que notre r“le consiste tout simplement à surveiller ces institutions, bien au contraire.
Je reviens à la question des intérêts du Canada. Pour un pays comme le n“tre, nous, nous considérons que la meilleure façon de faire avancer nos intérêts est d'insister pour qu'il y ait des règles à l'échelon international--et des règles du jeu qui s'appliquent à tout le monde, de façon à ce que les grands pays ne bousculent pas les petits. Pour les autres, nous pouvons donner l'impression d'être un très grand pays, mais nous n'avons certainement pas la même taille qu'un certain nombre de nos partenaires du G-7. Nous avons donc toujours jugé que nos intérêts pouvaient être défendus au mieux dans le cadre d'un système assorti de règles et faisant appel à ces institutions internationales. Nous avons toujours attaché une grande importance à ces institutions. Nous avons été parmi les pays qui ont travaillé le plus à améliorer leur fonctionnement.
Nous ne nous contentons donc pas de surveiller leurs activités. Nous avons souvent contribué à leur renforcement. Nous l'avons fait pour le FMI et la Banque mondiale, mais également pour le GATT et récemment pour l'OMC. Mon expérience à l'ONU m'a permis de le constater. Nous sommes en réalité plus actif à l'intérieur de ces institutions que beaucoup d'autres pays; nous contribuons à leur renouvellement, à leur amélioration, leur renforcement et leur efficacité.
M. Volpe: D'après votre exposé, madame, d'après le v“tre, monsieur Smith, d'après les réponses aux questions, également, je comprends que le changement et l'amélioration impliquent et la transparence et l'obligation de rendre des comptes. Et dans mon esprit, cela signifie que nous avons l'intention d'être plus exigeant. La transparence et la surveillance doivent nécessairement avoir cet objectif.
Dans cette perspective, je reviens au fait que nous semblions avoir des hésitations concernant un programme comme celui auquel M. Penson a fait allusion, une police d'assurance à laquelle pourrait avoir recours tous les pays qui solliciteraient l'aide de ces institutions, non pas seulement du point de vue financier, mais également dans le contexte d'une intendance internationale... régie par des règles et faisant appel à la collaboration de tous les pays.
Mme Fréchette: Je dirais que la raison d'être de ces institutions, et ce, dès le départ, a été de constituer une telle police d'assurance. Le FMI a été créé pour assurer une certaine stabilité des marchés des changes et pour aider instantanément les pays éprouvant de graves problèmes de balance des paiements. Le FMI a été chargé de fonctions autres par la suite, mais telle était sa vocation au départ. C'est ce pourquoi il existe.
Ce que nous avons vu dans le cas du Mexique c'est un type nouveau de crise, impliquant une évolution beaucoup plus importante et beaucoup plus soudaine des marchés financiers internationaux que celle qui leur était possible il y a dix ou quinze ans et pouvant toucher n'importe quel pays.
Notre position est donc la suivante: nous avons cette police d'assurance qui a évolué et même beaucoup, avec le temps. L'exemple mexicain nous montre cependant que des situations nouvelles risquent de se produire--nous espérons qu'il n'y en aura pas trop de même nature à l'avenir, mais il pourrait y en avoir--et que nous devons revoir les règles que nous avons établies, revoir le fonctionnement du FMI afin de nous préparer à réagir plus rapidement et plus efficacement à ce nouveau défi, qui résulte des changements survenus sur le marché au cours des cinq ou dix dernières années.
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M. Volpe: Si nous faisons preuve d'intellectivisme et que nous réclamons avec force des changements dans ces institutions, risquons nous, selon vous, de leur donner encore plus de crédibilité et d'influencer les marchés internationaux face à des pays comme le n“tre... il y a également l'Italie qu'on mentionnait la semaine dernière encore... Ne risquons-nous pas, donc, de subir l'intervention de la Banque mondiale, du FMI, en particulier, ou d'y être soumis, dans l'élaboration de nos propres politiques budgétaires et économiques?
Mme Fréchette: Le FMI joue un r“le très important pour ce qui est d'informer les pays au sujet de la santé de leur économie. Il le fait pour tous les pays du monde. Il y a un examen annuel. Le FMI a toujours jouit d'une grande crédibilité auprès des pays concernés. Lorsque le FMI indique qu'un pays est dans la bonne voie et suit des politiques saines, son opinion est crédible et rassurante. Lorsqu'il signale qu'un pays a des problèmes dans tel ou tel domaine re recommande un certain plan d'action, son avis est également à prendre au sérieux.
Dans l'intérêt de la stabilité internationale, nous pensons que le FMI doit continuer de jouer ce r“le et même se montrer plus efficace. La crédibilité doit jouit le FMI contribue grandement à une meilleure stabilité et une meilleure discipline dans la gestion des politiques économiques partout dans le monde. Et l'observation vaut pour tous les pays.
M. Volpe: Y compris ceux du G-7.
Mme Fréchette: Certainement.
M. Regan: Madame Fréchette, notre but est d'étendre la primauté du droit pour ce qui est du fonctionnement des institutions mondiales, du commerce mondial et du marché des changes. Les pays du G-7 ne peuvent pas simplement imposer leur volonté. J'ai l'impression que nos partenaires du G-7 sont opposés au changement. Est-ce bien le cas? C'est ma première question.
Deuxièmement, vous avez parlé de l'évolution qu'a suivi le FMI, par exemple, de changements qui se sont produits à ce niveau au cours des années. Le FMI a assumé de nouvelles fonctions, mais est-ce qu'il a mis fin à certaines autres?
Enfin, aviez-vous l'intention aujourd'hui de persuader le comité de se concentrer au cours des deux mois précédents le mois de mai sur les questions de la surveillance et des mécanismes d'aide financière auxquels vous avez fait allusion?
Mme Fréchette: En ce qui concerne l'attitude des autres pays du G-7, comme Gordon Smith l'a indiqué, chaque pays travaille avec ses propres priorités et ses propres intérêts. Il se peut qu'un intérêt précis aille à l'encontre d'un changement quelconque à certains moments.
Par ailleurs, beaucoup de ces changements dont j'ai parlé, en particulier au FMI--les nouvelles formules et les nouveaux mécanismes qui ont été créés pour répondre aux défis soudains--n'auraient pas été possibles sans l'appui indéfectible des pays du G-7. Je pense donc qu'il serait injuste d'accuser beaucoup de nos partenaires de s'opposer systématiquement à tout changement ou à toute amélioration.
En réalité, toutes ces institutions ont évolué d'une façon très positive, à notre avis. C'était principalement à cause de l'appui des grandes puissances, parce qu'autrement cela ne serait pas possible.
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