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Texte de la lettre adressée par M. Mikhail Gorbachev
au Président de la République française
14 juillet 1989, Paris
[English]
Monsieur le Président,
En m'adressant à vous en votre qualité de président de la XVe conférence économique annuelle des dirigeants des sept pays qui se tiendra à Paris les 15 et 16 juillet, et à travers vous aux autres participants à cette réunion, je tiens à vous faire part de quelques idées sur les problèmes-clés de l'économie mondiale qui exercent leur influence sur tous les pays sans exception.
L'interdépendance, tout en aidant à surmonter la division du monde, augmente considérablement le risque du heurt des intérêts, de l'explosion des contradictions.
Traditionnellement, pour résoudre les contradictions économiques entre Etats il était suffisant de trouver un équilibre sur la base des intérêts strictement nationaux. Toutefois, aujourd'hui un tel équilibre serait précaire si on essayait de l'asseoir sur autre chose que les intérêts universels de l'humanité.
Atteindre un véritable équilibre, assurer à l'interdépendance un caractère stable ne peut être que le fruit d'actions complémentaires. Un processus objectif de la formation de l'économie mondiale cohérente implique que le partenariat multilatéral économique soit placé à un niveau qualitativement nouveau.
Nous observons avec intérêt les efforts déployés par les sept Etats les plus développés du monde occidental en vue de mettre au point la coordination de la politique macroéconomique. Nous estimons qu'il est possible, grâce à la coordination, de rendre les processus de l'économie mondiale plus prévisibles. Or, ceci est une prémisse importante afin de garantir la séecurité économique internationale.
S'agissant de la sécurité économique, nous avons à l'esprit avant toute chose la formation de bases pour la cocréation stable, déidéologisée et mutuellement avantageuse et pour le codéveloppement.
Tout comme d'autres pays, l'Union Soviétique cherche à résoudre les tâches consistant à adapter son économie nationale à une nouvelle structure de la division internationale du travail en gestation. Notre perestroïka est inséparable de la politique tendant à la participation pleine et entière à l'économie mondiale. Cette orientation-là, s'inscrivant dans le droit fil de la nouvelle pensée politique, est déterminée également par notre intérêt économique direct. Mais à l'évidence le reste du monde ne pourra que gagner à l'ouverture en direction de l'économie mondiale du marché tel que celui de l'URSS. Bien entendu, l'avantage mutuel suppose la responsabilité mutuelle et le respect des droits de tous les participants aux relations économiques internationales.
Il subsiste dans le domaine de ces relations pas mal de contradictions. Il n'en reste pas moins que la zone des intérêts communs, convergents des Etats est suffisamment large et peut servir de base à l'interaction. La preuve en est fournie notamment par les changements positifs intervenus dans les liens éeconomiques bilatéraux de l'Union Soviétique avec beaucoup de pays occidentaux, par les ententes acquises à Vienne en matière de la "deuxième corbeille" de la coopération en Europe, par l'établissement des rapports CAEM-CEE.
Cependant la coopération multilatérale Est-Ouest sur les problèmes économiques globaux se trouve manifestement en retrait par rapport au développement des liens bilatéraux et régionaux. Ct état de choses ne paraît pas justifié compte tenu de poids de nos Etats dans l'économie mondiale, de la responsabilité qui est la leur dans son fonctionnement rationnel et efficace pour le bien de chaque peuple et de la communauté mondiale en général.
L'Union Soviétique se prononce pour une interaction constructive et libre de préjugés visant à résoudre ces tâches par les efforts communs. Nous voyons les points de convergence et la complémentarité dans les approches qu'ont les parties des problèmes globaux, en particulier du règlement de l'endettement de tiers monde. Peu importe de savoir à qui reviendra le mérite de la meilleure initiative. L'essentiel consiste à ce qu'il existe une possibilité réelle de contribuer ensemble à l'efficacité des mesures pratiques dans la sphère du règlement de la dette.
Nous sommes en faveur d'une assistance collective au développement, en faveur de la coordination des actions de créanciers et de débiteurs, de donneurs et de ceux qui recouvrent, en faveur de l'extension des formes d'aide multilatérales. Ceci peut devenir une des garanties matérielles considérables pour la participation égale en droits et responsable des pays en voie de développement à l'économie mondiale.
Des prémisses sont en train d'être réunies également pour le consensus sur les voies d'assurer un développement stable de tous les Etats, ce qui suppose la formation des stabilisateurs écologiques sûrs de l'édifice d'économie mondiale unie que l'on construit aujourd'hui.
Un autre problème qui nous est commun est lié aux tendances à l'intégration, qui prennent de plus en plus de vigueur dans diverses régions du monde. Nous voulans que leur développement aille dans le sens d'un partenariat universel. Aujourd'hui la vie elle-même détruit -- progressivement et à grand-peine mais quand même détruit -- les vieux obstacles dressés de façon artificielle entre différents systèmes économiques. Bien que chaque système conserve ses traits caractéristiques, ils ont emprunté beaucoup l'un à l'autre, utilisent les outils de gestion similaires.
Il devient urgent à nous entendre sur la méthodologie de mesure et d'harmonisation des processus économiques, méthodologie acceptable pour tous les pays et à usage universel. En perspective il pourra s'agir aussi des recherches de procédés pour faire arrimer, à l'échelle globale, les différents mécanismes de coordination macroéconomique.
Nous sommes prêts à engager un dialogue constructif sur ces questions. Pour le démarrer on pourrait établir les contacts professionnels dans divers domaines, par exemple sous forme de rencontres des experts gouvernementaux. Il importe ici de trouver dès le début un langage économique commun, procéder à un échange réciproque d'information, y compris sur les questions d'indicateurs de base du développement économique, de la régulation des liens de crédit et d'aide au tiers monde afin d'assurer la compatibilité méthodologique des données statistiques en tant que point de départ de la collaboration.
J'espère que ces réflexions seront utiles pour les participants de la rencontre au sommet de Paris et que les résultats de celle-ci iront dans le sens de recherches de l'équilibre des intérêts économiques nationaux, régionaux et universels.
Avec mes respects,
M. Gorbatchev
Source: Publi au Sommet de l'Arche. Note: Cette lettre n'est pas un document officiel du sommet (P. Hajnal).
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