House of Commons Issue No. 16 Minutes of Proceedings and Evidence of the Standing Committee on Foreign and International Trade
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House of Commons Issue No. 16

Minutes of Proceedings and Evidence of the Standing Committee on Foreign and International Trade

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[English translation]
Nous avons également des liens avec beaucoup d'autres organisations comme la nôtre en Europe, en Amérique du Nord et en Asie pour le développement humain. Cela regroupe 23 agences nationales en Asie et dans les pays du Nord.

C'est un peu dans cette perspective que je vais vous parler ce matin, en mentionnant peut-être, et c'est en lien direct avec l'objet de la discussion, une partie du mandat de notre organisation, à savoir que le véritable développement se produira seulement si on supprime les obstacles et si on change les structures, les institutions et les mentalités qui maintiennent le ®maldéveloppement¯, l'exploitation et l'oppression pour les remplacer par de nouvelles structures et relations susceptibles de l'engender.

Dans le contexte d'une réforme de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, notre mandat cadre parfaitement bien. Peut-être parce que nous sommes une organisation d'église, nous sommes principalement préoccupés par les personnes les plus pauvres. Le professeur Kirton les a mentionnées plus tôt. Dans le monde actuel, les pauvres sont particulièrement touchés.

Je vais parler de l'Amérique latine pendant quelques minutes. L'Amérique latine présente de bonnes performances économiques depuis quelques années. On prévoyait, l'an passé, une croissance économique globale d'environ 3 p. 100, et il y a eu des réglementations, des réformes économiques et une libéralisation des marchés. Les capitaux, les fonds mutuels et le marché des obligations ont remplacé le financement des banques privées, qui ont d'ailleurs commencé à revenir en Amérique latine, mais les événements de décembre ont montré à quel point cette reprise pouvait être volatile.

Dans la situation de l'Amérique latine, le FMI et la Banque mondiale ont joué des rôles particulièrement dominants, et leurs politiques ont mis l'accent sur la croissance économique, ce qui a eu pour effet d'accentuer l'exclusion et de nuire à une redistribution plus juste des revenus.

Par exemple, le nombre de pauvres en Amérique latine, en 1990, était de 140 millions, soit presque 33 p. 100 de la population totale, alors qu'en 1980, avant la période des ajustements structurels, leur pourcentage était de 27 p. 100. Il y a 10 millions d'enfants qui souffrent de malnutrition et 130 millions de personnes qui manquent de soins de santé adéquats et, en l'an 2000, d'après les Nations Unies, les 140 millions de pauvres dont je vous parlais seront 192 millions.

On parle souvent du Chili, o— la pauvreté a commencé à diminuer depuis deux ou trois ans, mais cela s'est fait jusqu'à maintenant au prix d'un sous-emploi assez élevé, et de compressions dans les salaires, les soins de santé et l'éducation. Il y a eu désintégration sociale et un contexte d'insécurité très répandu. En Amérique latine, les plus pauvres, soit 20 p. 100 de la population, ne possèdent que 4 p. 100 du revenu.

Ce qu'on constate un peu partout, et qui est d'ailleurs constaté notamment par le PNUD, le Programme des Nations-Unies pour le développement, c'est une augmentation de l'écart entre le revenu des riches et le revenu des pauvres. Il s'agit d'inégalités particulièrement fortes en Amérique latine, mais qui existent aussi, même si elles sont moins fortes, en Asie et qui s'accroissent.

On entend souvent dire que la crise de la dette de l'Amérique latine est terminée. Elle est terminée en ce qui a trait aux banques privées, mais le fardeau de la dette demeure toujours très important. On parlait de 432 milliards de dollars en 1990. En 1993, elle s'élevait à 500 milliards de dollars. Elle a doublé depuis les années 1980.

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Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale soutiennent que les politiques d'ajustement structurel vont générer une croissance plus élevée et une augmentation des emplois, ce qui va permettre de réduire la pauvreté. Leurs politiques sont caractérisées par une dévaluation, l'accent sur le commerce et la libéralisation des investissements. En soi, il ne s'agit pas de mauvaises choses, évidemment. On vise donc plus d'exportations, moins de subventions aux entreprises et une fonction publique allégée. Cela devrait amener plus d'emplois.

Le FMI met l'accent sur la lutte contre l'inflation, souvent au détriment de politiques d'emploi et de mesures sociales. La libéralisation des importations élimine souvent les entreprises qui emploient des gens dans ces pays-là.

Le résultat de tout cela est un cycle de dévaluation, de réduction des salaires et de mauvaises conditions de travail, et moins d'obligations pour les compagnies multinationales qui s'installent dans les pays.

J'étais en Indonésie pas plus tard qu'il y a deux semaines. J'ai, entre autres, visité une usine de sous-traitance pour la companie Nike. Il y avait 9t Je suis aussi allé à Hong Kong à la fin de la semaine. À Hong Kong, qui est un endroit o— on manufacture beaucoup, les gens sont extrêmement inquiets parce qu'en Chine, tout près de là, il existe une main-d'oeuvre considérable qui est prête à faire le même travail pour des salaires dix fois moindres. Donc, on assiste à des compressions des conditions de travail et des salaires, qui sont mondiales et qui n'impliquent pas simplement les pays du Nord face aux pays du Sud.

J'aimerais revenir à l'ajustement structurel pour vous rappeler ce que certains, notamment l'UNICEF, en ont dit dans certains cas. Il est essentiel de dire que la dette des pays en voie de développement, autant dans la manière qu'elle a été créée que dans la manière dont l'on procède à son ajustement, est tout simplement un outrage envers une grande partie de l'humanité.

Il faut se rappeler aussi que, pour l'essentiel, les programmes d'ajustement structurel ne fonctionnent pas. Cela, même le FMI l'a reconnu. Je cite:

On ne peut pas dire avec certitude si ces programmes (d'ajustement) ont fonctionné ou non (...). Sur la base des études existantes, on ne peut pas dire si les programmes soutenus par le Fonds ont abouti à une amélioration des performances en matière d'inflation et de croissance économique. En réalité, il apparaît souvent que la mise en oeuvre des programmes (d'ajustement) s'est accompagnée d'une augmentation de l'inflation et d'une baisse des taux de croissance.

>D'après l'Institut Nord-Sud, qui est un institut de recherche indépendant basé à Ottawa:

Le Fonds parvient à assurer des améliorations prolongées dans la balance des paiements. Il est cependant incapable de réaliser ses objectifs secondaires en matière de croissance et d'inflation, ou bien d'exercer une influence décisive sur les résultats financiers et l'expansion du crédit. Une forte proportion de ces programmes s'écroule avant terme... (...) Devant le taux élevé des échecs et la rareté des cas de succès, il subsiste des questions particulières sur l'aptitude du Fonds à exercer une action efficace dans les pays à faible revenu.

J'ai une autre citation pour terminer, et celle-ci est de Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire international:

Trop souvent au cours des dernières années, ce sont les segments les plus pauvres de la population qui ont porté le gros du fardeau de l'ajustement.

J'aimerais préciser aussi que je pourrai mettre à la disposition des membres du Comité de la documentation en anglais et en français, puisque notre organisation en est une qui travaille à travers tout le Canada. Vous pourrez trouver dans cette documentation les sources et les citations que je viens de vous présenter, et même beaucoup d'autres.

J'aimerais aussi mentionner, en guise d'exemple, ce que l'ajustement structurel a fait en Somalie. La Somalie est intéressante comme exemple, parce qu'on en a entendu beaucoup parler à cause de l'intervention multinationale qui a eu lieu là il y a deux ou trois ans.

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L'ajustement structurel a été appliqué en Somalie. Entre autres, la dévaluation du shilling, la monnaie locale, commandée par le FMI a entraîné de fortes hausses de prix de tous les intrants agricoles, carburants, engrais, de même que des médicaments pour le bétail. Le résultat a été désastreux pour les éleveurs et les paysans.

Avec les coupures gouvernementales, une autre mesure d'ajustement structurel a été mise en oeuvre en Somalie sous la surveillance du FMI. Les dépenses de la santé ont baissé de 78 p. 100 entre 1975 et 1989.

D'après la Banque mondiale, le budget d'éducation était de 4$ par an pour un élève du primaire en 1989, contre 82$ en 1982. Entre 1981 et 1989, les inscriptions scolaires ont chuté de 41 p. 100.

Pour ce qui est de la levée des obstacles au commerce international, en Somalie, cela s'est produit avec l'aide internationale versée sous forme alimentaire, ce qui est venu concurrencer les cultures traditionnelles.

Passons maintenant à la privatisation des entreprises d'état. En Somalie, les services vétérinaires fournis aux nomades, par exemple la vaccination des animaux, ont été privatisés, et il n'y a pas eu de programme alimentaire d'urgence pour les périodes de sécheresse. Cela a contribué à décimer le cheptel. Jusqu'en 1983, pourtant, le bétail représentait 80 p. 100 des recettes d'exportation du pays.

En ce qui a trait à l'appui aux exportations, je parle de la Somalie, mais cela s'applique dans bien des pays. En Somalie, plutôt que de promouvoir la production alimentaire au profit du marché local, on a consacré une partie des meilleures terres à la culture de fruits, de légumes, d'oléagineux et de coton pour l'exportation. On connaît la suite de cette terrible histoire de famine dans un pays qui était presque autosuffisant en produits alimentaires dans les années 1960 et 1970.

En fait, le problème qu'on constate souvent lorsqu'on examine la question sous l'angle de l'intérêt des plus pauvres, c'est que le développement est soumis à l'économie dans une mesure qui écarte ce qui se produit pour les personnes.

Dans le cas de la Banque mondiale, par exemple, on peut chercher à peu près dans tous les documents, mais on n'y trouvera aucune définition du développement qui tienne compte d'autres choses que du développement économique ou des statistiques.

Quand on regarde le Fonds monétaire international, le portrait est encore plus triste, parce que le FMI est essentiellement constitué d'économistes--ils sont 2t Il existe des solutions, mais il faut d'abord et avant tout retenir que le développement ne peut être imposé par en haut. Cela, même la Banque mondiale, dans son discours officiel, le reconnaît. Le PNUD également insiste beaucoup là-dessus. Il ne peut y avoir un développement réel, un développement humain qui soit dicté d'en haut. S'il n'y a pas participation des populations locales, s'il n'y a pas de transparence dans les mécanismes de prise de décision et d'application des projets, à peu près n'importe quel projet ou n'importe quel programme est voué à l'échec.

Cela amène des organisations comme la mienne et comme celles avec lesquelles on travaille à proposer des changements à l'intérieur de de la Banque mondiale et du FMI. Il y a des organisations qui préconisent carrément l'abolition du FMI et de la Banque mondiale. D'autres préconisent des réformes. Développement et Paix et la majorité des autres organisations demandent la démocratisation du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et plus de transparence.

Le Canada aurait intérêt à affirmer un leadership qu'il n'a pas tout à fait actuellement dans le domaine de la transparence et de l'ouverture de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

Je vous remercie.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Bertrand.

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