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Pour ce qui est du mécanisme de révision, il est lié dans une large mesure à une plus grande transparence dans le travail du FMI. C'est une question qui est très actuelle et que l'on examinera dans le contexte de notre préparation à Halifax et de l'examen des institutions.
Il est difficile de savoir dans quelle mesure on peut reproduire le genre de modèle de la Banque mondiale qui marche pour des projets et des prêts pour des programmes spéciaux plut“t qu'un programme macroéconomique. Toutefois, la question de la transparence et d'une meilleure évaluation de l'efficacité de la politique économique du FMI est tout à fait d'actualité au sein du FMI et de notre groupe.
Les dépenses militaires... c'est certainement un thème que poursuit le Canada, en particulier à la Banque mondiale. J'ai été frappée de constater que ces trois ou quatre dernières années, c'est devenu un sujet légitime de débat tant au sein de la Banque mondiale que d'autres banques de développement et à l'ONU. En fait, le rapport sur le développement humain du PNUD donne chaque année des statistiques. Je crois qu'on commence à accepter que c'est une préoccupation tout à fait légitime.
La véritable question qui se pose, c'est de savoir dans quelle mesure on peut effectivement établir des règles strictes, des pourcentages, des rapports. C'est plus difficile. Mais il en est certainement question.
C'est un sujet dont nous avons discuté à la Banque mondiale et dont nous discutons en fait dans le contexte de la réforme.
Troisièmement, les directeurs généraux, leurs responsabilités face au Parlement... j'aurais besoin d'un avis juridique là-dessus. Il ne faut toutefois pas oublier que ces directeurs sont employés de la banque ou du FMI et payés par ces institutions. Deuxièmement, dans notre cas du moins, ils représentent plusieurs pays. Ils ne sont pas simplement les porte-parole du Canada, mais également d'un groupe de pays qui les ont en fait élus, et c'est vrai à la fois pour le FMI et la Banque mondiale. N'oubliez pas non plus que la responsabilité passe en fait par le gouverneur de la banque; et le gouverneur est le ministre des Finances, qui, de ce fait, est responsable devant le Parlement.
Je répète que je devrais obtenir un avis juridique. Je signale simplement qu'il y a certaines caractéristiques qui font que cette responsabilité vis-à-vis du Parlement peut, me semble-t-il, poser quelques questions.
M. Regan: Y a-t-il des gens que nous nommons délégués, au moins, à ces institutions où il y a ces directeurs?
Mme Fréchette: Non.
M. Regan: Nous avons seulement une voix lorsqu'on élit les directeurs.
Mme Fréchette: Oui.
M. Lastewka (St. Catharines): Nous avons parlé de la crise économique et financière mondiale. Ma question est toujours la même. Le Groupe des sept est-il disposé à considérer la crise économique mondiale, à y faire face par la coopération? Souhaite-t-on examiner les problèmes du monde et y faire face?
M. Smith: Il faut considérer cela dans une perspective historique. Le G-7 existe depuis 20 ans. Il est arrivé qu'il ait bien répondu aux grands enjeux de l'actualité. Il est également arrivé qu'il ne le fasse pas aussi bien.
Un des problèmes inévitables, c'est que les pays membres du G-7 connaissent des problèmes différents. Ce ne sont pas exactement tous les mêmes problèmes. M. Leblanc nous rappelait que le rapport entre notre déficit et notre dette et le PIB est très élevé. Ma foi, l'Italie est dans la même situation. Pour d'autres pays, le problème n'est pas aussi grave. Pour les états-Unis, nous savons que le gros problème, c'est le déséquilibre de leur balance commerciale. On exerce inévitablement des pressions sur les Japonais pour qu'ils augmentent leur consommation.
Automatiquement, on doit en venir à un compromis qui tienne compte des intérêts variés de tous les pays membres. Quant à savoir donc si l'on a réussi ou non, cela dépend un peu du point de vue que l'on a, parce que les pays ne connaissent pas tous les mêmes problèmes.
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Maintenant, pour ce qui est de la capacité de relever les défis de demain, le thème du sommet d'Halifax, comme je l'ai dit tout à l'heure, il est possible qu'une plus grande communauté d'intérêts permette d'aboutir à un consensus sur ces questions, c'est-à-dire, pour l'essentiel--et j'y reviendrai tout à l'heure--de les faire monter d'un cran dans les priorités de l'ordre du jour international. Comme je l'ai également dit tout à l'heure, le Groupe des sept n'a pas les moyens de prendre des décisions touchant des institutions qui regroupent un bien plus grand nombre de pays que le simple Groupe des sept.
M. English (Kitchener): Nous avons organisé une table ronde il y a deux jours avec M. Boehm, entre autres participants, et deux des experts, le professeur Kirton et le professeur Helleiner, n'étaient pas d'accord à propos des banques. Selon le professeur Kirton, nous donnons deux fois plus aux banques qu'elles ne génèrent, et, dans le cas de la Grande-Bretagne, quatre fois plus. Nous leur donnons trop. Selon le professeur Helleiner, ce n'est pas vrai, c'est une question d'interprétation.
M. Smith devrait mettre un terme à cette question.
Il est ressorti clairement de cette discussion que M. Helleiner estimait que le r“le du Canada, c'est de représenter les pays exclus, non pas simplement les pays pauvres, mais les pays tels que les Pays-Bas et la Suède, dont les contributions aux banques multilatérales sont élevées.
Au sein du G-7 le Canada est-il perçu à propos des banques comme représentant les absents? Considérons-nous que nous sommes plus le porte-parole des absents que des autres pays du G-7?
M. Smith: Je ne souhaiterais pas vraiment que le Canada joue un autre r“le au sein du G-7 que de se représenter lui-même. Si vous voulez bien réfléchir aux origines de notre participation à ce Groupe des sept--et nous n'avons pas participé à la première réunion--c'est parce que le sommet était plut“t dominé par les Européens, parce que nos amis Américains souhaitaient vivement qu'une autre perspective nord-américaine soit apportée aux questions internationales et parce que nous remplissions toutes les conditions pour être un membre crédible du club.
Cela dit, il y a la petite histoire. Je pense à l'époque où le premier ministre, M. Trudeau, présidait un des sommets du G-7, où il a demandé à des représentants de pays moins avancés ce qu'il pourrait faire pour que leur opinion soit entendue. C'est une des raisons pour lesquelles, comme je l'ai dit tout à l'heure, il me semble approprié que le Canada joue ce r“le d'intermédiaire des nations les plus pauvres auprès de ces institutions. Il y a un certain élément historique.
Je crois que le président Mitterand a fait la même chose.
Constatant qu'il y avait un problème à l'échelle mondiale nous avons estimé que le sommet devrait se pencher sur ce problème--sur les problèmes Nord-Sud, comme on les appelait à l'époque. Cependant, je ne pense pas que nous nous soyons jamais arrogé la responsabilité de parler au nom de ces pays. Il en va de même avec les pays de l'ANASE que nous consultons. Il est certain que plus nous sommes informés mieux nous comprenons leurs problèmes, mais il ne serait pas approprié, à mon avis, que nous assumions la responsabilité de parler en leur nom.
Mme Fréchette: Monsieur le président, j'aimerais souligner une petite chose. À la banque et au FMI nous parlons en fait au nom d'un certain nombre de pays en voie de développement parce que nous sommes à la tête de ce groupe.
Deuxièmement, pour compléter la pensée de Gordon, je crois qu'une partie de la valeur ajoutée que nous apportons à la table du G-7, c'est que la réalité de ce que nous sommes veut que nous ayons des relations tout particulièrement bonnes avec plusieurs groupes de pays du monde. Nous occupons une situation unique. Nous ne parlons pas forcément en leur nom mais nous avons une faculté de compréhension des aspirations des pays de la francophonie et du Commonwealth qu'aucun autre pays du G-7 ne peut avoir. Nous avons donc des connaissances intimes et profondes que d'autres pays n'ont pas.
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M. English: Si je vous comprends bien, et si je peux me permettre d'interpréter ce que vous venez de dire, nous ne voulons pas trop le reconnaître mais il nous arrive de jouer ce r“le. Il me semble, si ma mémoire est exacte, que c'était l'argument du professeur Kirton. M. Boehm était là. Il nous a donné des exemples de 1983 et 1987 d'initiatives canadiennes pas simplement au nom du Tiers monde mais, dans le cas de 1983, il s'agissait de problèmes de Guerre froide, disant que le Canada était en quelque sorte plus représentatif de pays n'étant pas de grandes puissances, de super puissances, qu'il s'agisse des états-Unis, du Japon ou de l'Allemagne.
M. Smith: Je dirais simplement que nous agissons en fonction de ce que nous percevons être de notre meilleur intérêt. Comme Louise Fréchette vient de le dire--et, à mon avis, c'est également une réponse partielle à la question de M. Leblanc--nous sommes, pour toutes sortes de raisons, membre de tout un tas de groupes différents. Nous ne sommes pas une super puissance avec des intérêts de super puissance, qu'ils soient politiques, militaires ou économiques.
Mais où nous sommes...et c'est, à mon avis, ce qui donne--et ce n'est peut-être pas aussi contradictoire que cela peut le paraître--toute l'importance à cette question. Pour nous qui sommes en Amérique du Nord, le système est tout particulièrement important. Il est important au niveau des échanges. Il est important au niveau de la politique internationale. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons toujours été un ardent supporter du GATT et de la création d'une Organisation mondiale du commerce. C'est une des raisons pour lesquelles les Nations Unies jouent un r“le central dans notre diplomatie. Nous croyons qu'un système fondé sur des règles avec des institutions internationales fortes sert très bien nos intérêts. Il se trouve également que cela sert les intérêts d'un certain nombre d'autres pays qui se trouvent dans des situations plus ou moins analogues. Mais je continue à croire que lorsque nous faisons des propositions, nous les avançons en fonction de l'idée que nous nous faisons de l'intérêt national. Mais, nous le faisons dans le contexte que je viens de décrire.
Le président: M. Smith doit bient“t nous quitter. Avant qu'il ne parte, au nom du comité, j'aimerais revenir sur un de ses commentaires. Ma question sera double.
Vous avez dit qu'une réforme des accords de Bretton Woods serait la bienvenue. J'ai deux questions à vous poser à ce sujet.
La première est la suivante. Nous avons l'impression qu'au sein de notre propre gouvernement, cette réforme est mieux accueillie par votre c“té de la table que par les Finances et que les Finances sont plus conservatrices à propos des réformes de ces institutions que les autres membres du gouvernement. J'aimerais que vous me disiez tous les deux ce que vous en pensez.
Ce n'est que la première partie de ma question. La deuxième partie est plus délicate dans une certaine mesure. Quand nous parlons de réforme des institutions de Bretton Woods, proposons-nous sincèrement de remettre entre leurs mains aussi bien nos vies que celles d'autres pays? Les Canadiens souhaitent-ils vraiment la réforme de ces institutions?
Il est bien joli de proposer que la Banque mondiale impose des conditions concernant l'armement avant de consentir tout prêt, qu'elle n'accorde pas de prêt aux pays qui ne respectent pas certaines pratiques d'armement ou certaines pratiques militaires, mais le Canada est-il prêt à proposer que le FMI ait le pouvoir, par exemple, de surveiller les pratiques de gestion financière des états-Unis, du Japon, de l'Union européenne et d'autres acteurs importants? Je crois d'ailleurs, sauf erreur, que le FMI a déjà un bureau chargé de suivre ce qui se passe au Canada. Est-ce que c'est ce que nous encourageons? Est-ce que cela nous plaît? Est-ce que cela peut poser des problèmes? Jusqu'où sommes-nous prêts à aller sur cette voie? Jusqu'où nos alliés sont-ils prêts à aller sur cette voie? Ou est-ce que ce sont simplement des paroles en l'air?
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