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En vedette, En journal quotidien:
Céline Füri, June 27, 2002

27.06.02 Au bout de la course, que contempler?

J'ai fait le tour du sommet. De loin comme de près. De loin, parce que la multitude de documents étalés sur les tables de l'immense salle des médias du Telus Centre ne traduiront jamais les vraies conversations des chefs d'État; parce que les attachés de ces chefs, débriefant par vidéo une presse avide d'un peu de précision, n'avaient souvent pas été présents lors des soupers cruciaux, et leurs nombreuse hésitations et précautions langagières montraient qu'ils nous transmettaient un discours déjà mâché, pour ne pas dire réchauffé.

De près, quand même, en me retrouvant, après la clôture du sommet, à une poignée de mètres des quelques chefs qui avaient bien voulu - peut-être en réalisant le pacifisme du mouvement dissident, et l'isolation extrême de puissances dites démocratiques - descendre de leurs cimes pour informer la population de la direction d'enjeux qui la concernent. Chirac, Aznar, Koizumi, ainsi que les Africains Mbeki, Bouteflika, Wade. Même pas Jean Chrétien. Il a préféré se bomber le torse devant la caméra. Avec raison? Pas pour la distance, ou alors qu'on me donne les arguments. Pour le torse, je suis plus ambivalente. Considérant l'objectif d'efficacité, l'impératif d'aborder tous les problèmes mondiaux en 36 heures, le format du sommet s'est en effet avéré approprié, fidèle aux attentes, avec l'inflexibilité du Premier ministre comme ingrédient principal. Considérant le sujet principal à l'ordre du jour, l'Afrique et son NEPAD, il me semble que les roulements de tambour ces derniers mois ont été bien bruyants, comparés aux résultats révélés par le sommet. Pas d'engagement ferme et cohérent de la part des huit à réduire les barrières tarifaires aux importations de produits africains, barrières dont on sait qu'elles constituent un des principaux boulets au développement du continent. Pas même de chiffres liants quant à la portion d'aide au développement qui sera versée chaque année à l'Afrique. Un petit milliard de dollars en réduction de la dette. Soit. Pas non plus de mécanismes mis en oeuvre, au vu du scandale de WorldCom - pour lequel, éclatant au grand jour, combien d'autres semblables sont tus - afin de veiller à la bonne gouvernance des pays industrialisés; pendant qu'on exige paternalistement l'éradication de la corruption chez l'élite africaine.

Par rapport à ce qui s'est fait auparavant pour l'Afrique, bien sûr, on doit reconnaître un pas vers l'avant. Par rapport à ce qui pourrait se faire, là, on parle d'un manque à gagner de volonté politique beaucoup plus difficilement mesurable. Mais bel et bien perceptible.

En reprenant l'avion pour Montréal, j'ai ressentis un immense vide. Après le tumulte et la course, la lecture hâtive de dizaines de documents, la spéculation, les doutes, les conclusions... Je ne savais plus que penser. Je ne pense toujours pas avoir trouvé le recul nécessaire pour formuler une opinion. Peut-être ne le trouverai-je jamais?

Peut-être que questionner, douter, repenser, sont encore la meilleure façon d'intégrer et de garder vivante la matière "sommetière"--

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