25.06.02 Arrivée au sommet
Sans tambours ni trompettes, sans sac à dos ni souliers de marche. Un air un peu perdu, plutôt, le regard à la fois curieux et vigilant de l'étudiante qui foule pour la première fois les plates-bandes de l'establishment international. Ne nous énervons pas, ce n'est même pas le " vrai " sommet, pensais-je en parcourant les corridors vitrés du Telus Convention Centre de Calgary. Le malaise ressenti devant l'ampleur du contingent médiatique me fit soudain préférer ne pas imaginer le ratio hommes armés/participants dans le " vrai " de l'action. Des policiers postés tous les quelques mètres, agglutinés ou défilant, l'expression faciale pas trop désagréable du reste. Mais quand même. Je n'ai pas encore vu l'ombre d'un manifestant. Quelqu'un faisait la remarque cet après-midi, lors d'une conférence de clôture du sommet parallèle G6B (le Groupe des six milliards - billions en anglais -) que même si chaque canadien investissait 5$ dans le NEPAD (le partenariat pour le développement africain, plat de résistance que notre Premier ministre servira à ses collègues le dernier jour du sommet), le total serait encore bien en-deçà des sommes allouées à la sécurité de ce sommet-retraite.
Comme pour créer un contrepoids à mes doutes et déceptions grandissants: la vive et directe interaction, entre les ministres invités au panel de ladite conférence, censés représenter ce chaînon généralement manquant entre réflexions de la société civile et décisions prises dans les hautes sphères dirigeantes, et un auditoire hautement sceptique. Bill Graham (ministre des Affaires étrangères) et Susan Whelan (ministre de la Coopération internationale) pouvaient difficilement passer la pommade du politically correct sans soulever des " shame ! " dans la salle de l'Université de Calgary. Soulagée de voir un échantillon de démocratie relativement en santé, au beau milieu de ces montagnes d'isolement. Ce en quoi cela se traduira dans le communiqué final du sommet, reste à voir... Bill Graham lui-même s'est chargé de tempérer les attentes. Pendant ce temps-là, la société s'informe, se conscientise, se solidarise. Un contrepoids de plus en plus crédible aux volontés de minorités puissantes se forge. C'est toujours ça de gagné.
Le sommet s'annonce court, nettement trop pour révolutionner l'état du monde, même si la jasette se fait entre les détenteurs de 60 % de l'économie mondiale. Ce qui n'empêchera pas des idées et critiques intéressantes de circuler parmi les représentants des médias et observateurs qui grouillent déjà entre les murs high-tech du Centre; j'espère en attraper une ou deux au passage, entre deux briefings, clapotements de mon clavier, tasses de café. À suivre...