Nous nous sommes réunis à Rome les 18 et 19 juillet 2001 pour examiner la situation politique internationale et son évolution.
Nous avons eu un vaste échange de vues informel sur les moyens d'intensifier le dialogue entre le G8 et les sociétés civiles, compte tenu à la fois des risques et des perspectives que présente l'actuel processus d'interdépendance et de mondialisation. Nous continuerons à collaborer étroitement, entre nous et avec d'autres, dans ce domaine.
Nous avons examiné les développements touchant les questions politiques les plus importantes que la communauté internationale doit affronter, aussi bien à l'échelle mondiale qu'au niveau régional. Au sujet du Moyen-Orient, de l'ex-République yougoslave de Macédoine, de l'Afrique et de la péninsule coréenne, nous avons convenu de présenter directement nos observations aux chefs d'État et de gouvernement du G8, au cours du Sommet qu'ils tiendront à Gênes du 20 au 22 juillet.
Nous avons également abouti aux conclusions suivantes :
PRÉVENTION DES CONFLITS
1. Nous considérons notre engagement envers la prévention des conflits comme un élément indispensable de notre action et de nos initiatives internationales. Même s'il incombe à ceux qui sont directement en cause d'éviter les conflits, nous continuerons à travailler en faveur d'une action efficace de la communauté internationale, principalement au sein des Nations Unies, pour la prévention des conflits. Nous avons noté et continuerons à soutenir les progrès réalisés dans les cinq domaines définis à Miyazaki, et en particulier la question des conflits et du développement, dans le cadre de laquelle nous accorderons une attention spéciale à des aspects tels que le désarmement, la démobilisation, la réintégration et la coopération pour la gestion de l'eau. Nous avons également décidé de concentrer nos efforts sur deux nouvelles initiatives : la contribution des femmes à la prévention des conflits violents et le rôle du secteur privé. Ces questions font l'objet d'un examen détaillé dans les documents joints.
DÉSARMEMENT, NON-PROLIFÉRATION ET CONTRÔLE DES ARMEMENTS
2. Pour maintenir et renforcer la stabilité stratégique et la sécurité internationale face aux défis du XXIe siècle, nous attachons une grande importance aux régimes existants de traités multilatéraux et d'ententes de contrôle à l'exportation, qui sont conçus pour parer aux menaces que fait peser la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Dans ce contexte, nous nous félicitons des efforts destinés à renforcer le régime international de contrôle des armements et de non-prolifération et réaffirmons notre détermination à favoriser la conformité et l'adhésion universelle aux traités fondamentaux relatifs aux armes de destruction massive et à contribuer à la mise en oeuvre des conclusions de la Conférence d'examen du TNP de 2000. Nous nous réjouissons du fait que la Russie et les États-Unis sont disposés à continuer à réduire considérablement leurs arsenaux stratégiques offensifs et à renforcer la stabilité stratégique.
Nous nous félicitons des efforts déployés en vue de renforcer la Convention sur les armes biologiques et à toxines, notamment par des mesures possibles de mise en oeuvre et de vérification de la conformité. Nous demeurons pleinement déterminés à agir pour faire de la CABT un moyen efficace de parer à la menace croissante des armes biologiques. Nous nous félicitons également des efforts déployés par les membres du Régime de contrôle de la technologie relative aux missiles pour produire un Code de conduite international contre la prolifération des missiles et pour en favoriser l'adoption universelle. Tant que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne sera pas entré en vigueur, nous exhortons tous les États à maintenir les moratoires mondiaux existants sur les essais nucléaires. Nous réaffirmons notre attachement au lancement immédiat de négociations pour la conclusion, dans les cinq ans, d'un Traité sur l'interdiction de la production de matière fissile. Nous invitons tous les États qui ne l'ont pas encore fait à signer des accords de garantie avec l'Agence internationale de l'énergie atomique et à adhérer à ses protocoles additionnels.
3. Nous continuons à accorder la plus haute importance aux mesures destinées à empêcher le plutonium militaire dont on n'a plus besoin à des fins de défense de jamais servir à la production d'armes nucléaires. Nous invitons tous les donateurs qui ont l'intention de contribuer sensiblement au programme d'élimination du plutonium militaire de la Fédération de Russie à s'associer aux efforts visant à mettre sur pied un plan de financement international et à lancer des négociations pour doter le programme d'un cadre multilatéral. Nous appuyons également les efforts de la Fédération de Russie pour détruire ses armes chimiques conformément aux dispositions de la Convention sur les armes chimiques.
4. Dans le cadre des efforts de la communauté internationale tendant à relever les normes humanitaires relatives aux armes conventionnelles, y compris les débris de guerre explosifs, nous nous efforcerons de favoriser le succès de la Conférence d'examen de la Convention sur certaines armes classiques. Nous demeurons préoccupés par le fléau que représente l'utilisation inconsidérée des mines antipersonnel, qui ont tué ou estropié tant d'innocents civils un peu partout dans le monde, et par le maintien d'importants stocks de mines terrestres. Nous sommes déterminés à appuyer, notamment dans le cadre de la Convention d'Ottawa ainsi que du protocole sur les mines de la Convention sur certaines armes classiques, les efforts déployés dans les domaines de l'élimination des mines, du déminage humanitaire, de l'aide aux victimes et du développement de technologies pour l'action contre les mines. L'affectation continue de ressources par les donateurs aura des effets décisifs sur cette crise humanitaire. Nous nous engageons à travailler activement en vue de réaliser l'objectif d'un programme pratique à la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères.
TERRORISME
5. Nous réitérons notre condamnation de toutes les formes de terrorisme, indépendamment des motifs, et soulignons la nécessité d'une plus grande coopération internationale pour la mise en place de stratégies de prévention et de mise en oeuvre. Nous rappelons et appuyons l'engagement exprimé cette année à Milan par les ministres de la Justice et de l'Intérieur du G8. Nous exhortons nos experts à réaliser plus de progrès pour renforcer la coopération visant à affronter les menaces terroristes aussi bien classiques que nouvelles, y compris les menaces technologiques.
6. Nous soulignons l'importance d'une application aussi vaste que possible des conventions antiterroristes sectorielles des Nations Unies, notamment pour la suppression du financement du terrorisme, et réaffirmons notre appui politique à la négociation d'une Convention globale des Nations Unies contre le terrorisme international. Nous soulignons également l'importance de terminer l'élaboration de la convention internationale contre le terrorisme nucléaire et encourageons son adoption subséquente.
NATIONS UNIES
7. Pour mettre en évidence l'importance des conclusions adoptées l'année dernière par le Sommet et l'Assemblée du millénaire, nous réaffirmons notre engagement à réformer et à renforcer le système des Nations Unies et à en augmenter l'efficacité, notamment par une réforme du Conseil de sécurité. Nous encourageons les Nations Unies à renforcer davantage le partenariat, la coopération et la consultation avec d'autres intervenants, notamment dans le domaine de l'aide humanitaire et au développement.
8. À l'occasion du 50e anniversaire de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, le G8 réaffirme son attachement aux dispositions de la Convention ainsi qu'à celles du protocole de 1967, et rend hommage à l'action du HCR en faveur des réfugiés.
BALKANS / EUROPE DU SUD-EST
9. La situation dans les Balkans nécessite encore beaucoup d'attention. Nous nous félicitons des progrès réalisés depuis notre rencontre à Miyazaki, particulièrement en RFY. Nous continuerons à appuyer les réformes et une plus grande coopération régionale. Nous nous attendons à la peine observation des obligations internationales, y compris les accords de Dayton et les décisions du Tribunal pénal international pour l'ancienne Yougoslavie. À cet égard, nous nous réjouissons des mesures prises par la RFY et d'autres pays de la région. Slobodan Milosevic et d'autres personnes accusées de crimes de guerre vont maintenant être jugés à La Haye. Nous condamnons toute forme de nationalisme ethnique et de violence séparatiste. Nous appuyons un Montenegro démocratique au sein d'une Yougoslavie démocratique et encourageons le dialogue entre Belgrade et Podgorica. Au Kosovo, nous nous attendons à une mise en oeuvre complète de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu'à des élections générales conduites dans un climat de sécurité en novembre, suivies par l'établissement d'un gouvernement provisoire démocratique. Nous encourageons toutes les communautés ethniques à participer pleinement au processus.
10. Nous demeurons convaincus qu'une plus grande coopération régionale représente la clé du développement et de la prospérité. Nous demandons à chaque pays de la région de manifester son engagement à réaliser des progrès concrets dans ce domaine. Le Processus de stabilisation et d'association de l'UE constitue un important facteur à cet égard. Nous nous réjouissons de l'aide et des initiatives des membres du G8, d'autres États concernés ainsi que d'organisations régionales et internationales. Nous réaffirmons notre plein appui au Pacte sur la stabilité et collaborerons étroitement ensemble pour la réussite de la Conférence régionale qui doit se tenir à Bucarest les 25 et 26 octobre. Le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale constitue un gage solide de stabilité et de sécurité à long terme dans la région.
CHYPRE
11. Nous rappelons la déclaration d'Okinawa et renouvelons l'engagement de soutenir les efforts du secrétaire général des Nations Unies visant un règlement juste et durable qui protège les intérêts fondamentaux de toutes les parties dans un pays unique et respecte pleinement les résolutions applicables du Conseil de sécurité. Nous nous attendons à des efforts renouvelés de toutes les parties et à une reprise rapide des pourparlers grâce aux bons offices du secrétaire général des Nations Unies.
IRAQ
12. Nous demandons à l'Iraq de se conformer pleinement aux résolutions applicables du Conseil de sécurité, et notamment d'autoriser l'entrée dans le pays des inspecteurs des Nations Unies et de l'Agence internationale de l'énergie atomique chargés de vérifier l'élimination des armes de destruction massive. La reprise de la coopération avec les Nations Unies est une étape nécessaire à la suspension et à l'éventuelle levée des sanctions, qui permettra la réintégration de l'Iraq dans la communauté des nations. À cette fin, nous nous félicitons du dialogue établi entre le secrétaire général des Nations Unies et le gouvernement de l'Iraq. Nous soulignons la responsabilité de chacun des membres de la communauté internationale, aux termes des résolutions applicables du Conseil de sécurité, de veiller à ce que l'Iraq ne menace pas encore une fois la paix et la stabilité dans la région. Il est essentiel de préserver l'intégrité territoriale et la souveraineté de chaque pays de la région du Golfe afin d'y promouvoir la sécurité et la stabilité. Nous demeurons préoccupés par la situation humanitaire en Iraq, qui exige des mesures plus énergiques pour alléger les souffrances des gens, et invitons le gouvernement iraquien à appliquer pleinement le programme " pétrole contre nourriture ". Tout en rappelant les dispositions des résolutions 1352 et 1360 du Conseil de sécurité, nous demandons à la communauté internationale et au Conseil de sécurité des Nations Unies de mettre en oeuvre une nouvelle approche envers l'Iraq.
AFGHANISTAN
13. Rappelant la nécessité d'une application entière des résolutions 1267 et 1333 du Conseil de sécurité des Nations Unies, nous faisons encore une fois état de notre préoccupation face à la croissance de la menace du terrorisme et exhortons le Taliban à se conformer aux exigences exprimées dans ces résolutions et, en particulier, à fermer les camps d'entraînement terroristes. Nous invitons ceux qui ont de l'influence, notamment financière, sur le Taliban à agir d'une façon responsable. Nous saluons et appuyons l'interdiction de la production du pavot, même si des préoccupations persistent au sujet des stocks d'opium et du trafic de la drogue. Nous condamnons les violations continues des droits de la personne en Afghanistan, y compris la situation de plus en plus précaire des femmes et des minorités religieuses. Nous dénonçons la destruction par le Taliban des statues inestimables de Bamiyan. Nous affirmons notre engagement à fournir une aide efficace pour améliorer la situation humanitaire catastrophique du peuple afghan et à favoriser une coopération efficace des pays donateurs et des organismes de mise en oeuvre dans le cadre du Groupe d'appui à l'Afghanistan. Nous appuyons les efforts des Nations Unies et d'autres pour établir un processus de paix grâce à des négociations politiques entre les parties en présence, par l'entremise de mécanismes tels que la Loya Jirga visant l'établissement d'un gouvernement multiethnique pleinement représentatif.
ASIE DU SUD
14. Nous nous félicitons de la tenue du Sommet d'Agra entre l'Inde et le Pakistan et appuyons énergiquement leur intention de poursuivre un dialogue de haut niveau afin de faire évoluer leurs relations. Nous encourageons les deux pays à poursuivre leur politique de modération et les incitons à s'abstenir de toute action pouvant nuire à leurs relations et à la stabilité de la région. Nous soulignons à nouveau l'importance de la résolution 1172 du Conseil de sécurité des Nations Unies et exhortons l'Inde et le Pakistan à participer pleinement aux efforts internationaux destinés à renforcer le régime de non-prolifération et de désarmement. Nous prenons note de leur engagement envers un moratoire sur les essais nucléaires.
INDONÉSIE
15. Nous réaffirmons notre appui à une Indonésie démocratique, stable et unie, qui constitue un facteur clé de la stabilité et du développement économique de l'Asie du Sud-Est, tout en soulignant l'importance vitale pour l'Indonésie de surmonter les tensions politiques actuelles par des moyens démocratiques et pacifiques conformes à sa Constitution. Nous encourageons le gouvernement indonésien à poursuivre ses efforts de réforme de l'économie et du gouvernement et répétons que la communauté internationale est prête à soutenir ces initiatives. Nous invitons le gouvernement indonésien à élargir le dialogue véritable entre toutes les parties, dans le plein respect des droits de la personne. Nous réitérons notre appui à l'intégrité territoriale de l'Indonésie.
TIMOR-ORIENTAL
16. Nous nous réjouissons des progrès réalisés par les Timorais orientaux et par l'ATNUTO en faveur de l'indépendance et de la démocratie au Timor-Oriental. Nous soulignons à cet égard l'importance d'un déroulement équitable et harmonieux des élections à l'Assemblée constituante prévues pour le 30 août. Conscients des énormes défis que doit affronter le Timor-Oriental, nous réaffirmons notre appui aux efforts du peuple timorais pour édifier une nation durable.
COLOMBIE
17. Nous appuyons pleinement un processus de paix irréversible en Colombie. Nous exhortons toutes les parties à parvenir à une fin négociée du conflit et à respecter les droits de la personne. Tous les groupes armés clandestins doivent relâcher leurs otages. Le gouvernement de la Colombie devrait poursuivre ses efforts de lutte contre les activités des groupes paramilitaires et prendre des mesures concrètes en vue de les démanteler. Nous invitons la communauté internationale à promouvoir, de concert avec les gouvernements régionaux, les initiatives de lutte contre la pauvreté et de développement durable de la région des Andes, si possible dans le cadre du groupe de soutien du processus de paix en Colombie, afin de combattre la production et le trafic illicites de la drogue.
AFRIQUE
18. Nous saluons et appuyons la consolidation de la démocratie, du pluralisme et de l'équité électorale dans un nombre croissant de pays africains. Nous souhaitons qu'une évolution semblable vers la transparence politique se produise ailleurs en Afrique, là où les principes démocratiques et la primauté du droit sont menacés.
19. Corne de l'Afrique. Nous saluons et appuyons le processus de paix qui se déroule entre l'Éthiopie et l'Érythrée sur la base de l'Accord d'Alger et des résolutions applicables du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous considérons ce processus comme un exemple positif de gestion des crises africaines par les pays africains avec le soutien de la communauté internationale. Nous exhortons les parties à honorer pleinement leurs engagements, à coopérer dans toute la mesure du possible avec les Nations Unies et à emprunter la voie d'une réconciliation durable et de la coopération régionale. Nous considérons que la fin de la guerre civile au Soudan et l'établissement de la paix et de l'unité nationale en Somalie constituent les étapes essentielles suivantes pour la stabilisation et le développement de toute la Corne de l'Afrique.
20. RDC et Burundi. Nous nous réjouissons des mesures positives prises en vue de la mise en oeuvre des accords de Lusaka et d'Arusha et de toutes les résolutions applicables du Conseil de sécurité des Nations Unies visant la paix en République démocratique du Congo et au Burundi. Nous exhortons tous les signataires et toutes les parties intéressées à coopérer pleinement avec les Nations Unies et avec tous les participants au processus de paix et, en particulier, à faciliter le déploiement des gardiens de la paix des Nations Unies, à appuyer le dialogue national et à entreprendre le processus de désarmement, de démobilisation, de réinstallation et de réintégration des combattants ainsi que du retrait complet des troupes étrangères de la RDC. Nous demandons à la communauté internationale de continuer à appuyer les activités de secours humanitaire.
21. Région du fleuve Mano. Nous saluons les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de l'accord d'Abuja en Sierra Leone. Nous demandons à la communauté internationale de soutenir le processus de consolidation de la paix et le programme de reconstruction entrepris dans ce pays. Nous invitons également toutes les parties à coopérer pleinement avec les Nations Unies et à observer les résolutions applicables du Conseil de sécurité.
22. Afrique australe. Nous appuyons les efforts continus déployés tant par les Nations Unies que par le gouvernement angolais pour trouver une solution pacifique au conflit en Afrique australe. Nous demandons instamment un règlement rapide du conflit angolais selon les principes du protocole de Lusaka. Nous considérons qu'une solution durable aux problèmes du Zimbabwe est essentielle à la stabilité dans la région.
Source: Gouvernement du Canada
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