Conclusions de la réunion des
ministres des Affaires étrangères du G8
à Miyazaki, le 13 juillet 2000
- Nous, ministres des Affaires étrangères du G8, nous sommes rencontrés les 12 et
13 juillet 2000. Nous avons discuté des différents défis auxquels nous sommes
confrontés et avons tiré les conclusions suivantes.
- En cette ère de mondialisation rapide, nous croyons qu'un engagement durable
envers la paix et les principes fondamentaux de la démocratie, la primauté du droit, les
droits de la personne et une économie ouverte demeurent indispensables. Nous
réaffirmons notre engagement envers la sécurité humaine grâce à la création d'un
environnement où la dignité, le bien-être, la sécurité et les droits humains de tous les
peuples sont garantis.
- Cet objectif nécessite une coopération accrue entre les États souverains, les
organisations internationales et régionales et la société civile. Il est impératif que les
Nations Unies continuent à jouer leur rôle essentiel dans le nouveau siècle. Nous
saluons le leadership dont le secrétaire général des Nations Unies a fait preuve dans la
préparation du Sommet du millénaire.
QUESTIONS MONDIALES
Prévention des conflits
- Au cours de notre réunion à Berlin, en décembre 1999, nous avions réaffirmé notre
engagement à déployer un effort soutenu pour promouvoir une « culture de la
prévention » partout dans la communauté mondiale et concevoir des initiatives de
prévention des conflits. Nous soulignons l'importance d'une « approche d'ensemble »
-- fondée d'une manière intégrée sur toute la gamme des politiques appliquées dans
les domaines politique, économique, financier, environnemental, social, de la sécurité
et du développement -- depuis la phase précédant le conflit, afin de prévenir les
hostilités, jusqu'à la phase postérieure au conflit, pour l'empêcher de se reproduire.
Nous continuerons par conséquent à surveiller attentivement les régions potentielles
d'affrontement armé dans le monde. Nous insistons sur le rôle de premier plan que les
Nations Unies jouent dans la prévention des conflits, mais reconnaissons que la
principale responsabilité d'une telle prévention incombe aux protagonistes.
- Pour donner suite à la réunion de Berlin, nous approuvons les mesures suivantes,
dont les détails figurent dans un document distinct rendu public aujourd'hui :
- Affronter le trafic incontrôlé et illicite d'armes légères et de petit calibre ainsi que
les effets déstabilisateurs de leur accumulation, en vue de limiter les moyens de
recourir au conflit armé et de réaliser des résultats concrets à la Conférence des
Nations Unies qui aura lieu en 2001.
- Veiller à ce que les politiques de développement soient conçues pour contribuer à
la suppression des causes potentielles de conflit armé.
- Combattre le commerce illicite des diamants -- en particulier les pierres provenant
des zones de conflit en Afrique -- qui finance la participation aux conflits armés.
- Parer aux effets des conflits armés sur les enfants, y compris leur utilisation
comme combattants.
- Prendre conscience de l'importance de la police civile internationale comme
élément critique de la prévention des conflits.
Nous encourageons tous les intéressés à déployer d'autres efforts et nous engageons
nous-mêmes à continuer à coopérer étroitement et à rechercher d'autres moyens
efficaces de prévenir les conflits, notamment en appuyant le rôle des femmes, en
luttant contre la cybercriminalité et en explicitant les principes de la responsabilité des
entreprises dans la prévention des conflits.
Désarmement, non-prolifération et contrôle des armements
- Nous insistons sur la nécessité de maintenir et de renforcer davantage le régime
international de non-prolifération. Nous demeurons attachés à l'application universelle
et à la pleine mise en oeuvre du TNP, qui constitue la pierre angulaire de la non-prolifération nucléaire dans le monde et le fondement essentiel à la poursuite du
désarmement nucléaire. Nous nous félicitons du succès de la Conférence 2000
d'examen du TNP et lançons un appel en vue d'une pleine application des conclusions
auxquelles la Conférence a abouti. Nous sommes satisfaits de l'augmentation du
nombre des États qui ont ratifié le CTBT et invitons tous les États qui ne l'ont pas
encore fait à signer et à ratifier sans délai le Traité, et particulièrement ceux dont la
ratification est nécessaire pour permettre son entrée en vigueur.
- Nous nous félicitons de l'intérêt porté par la communauté internationale à l'Initiative
élargie de réduction des menaces et aux efforts semblables déployés par l'Union
européenne et d'autres pour favoriser le contrôle des armements et la non-prolifération
nucléaire. En particulier, nous nous engageons à coopérer afin d'établir les
arrangements multilatéraux nécessaires à la mise en place d'un programme coordonné
et intégré pour la gestion et l'élimination sûres du plutonium militaire dont on n'a plus
besoin à des fins de défense, et invitons les autres États à se joindre à nous pour
soutenir cet effort.
- Nous attendons avec impatience l'entrée en vigueur et l'application complète de
START II et la conclusion de START III dans les plus brefs délais, tout en considérant
que la préservation et le renforcement du Traité sur la limitation des systèmes
antimissiles balistiques constituent la pierre angulaire de la stabilité stratégique et le
fondement d'autres réductions des armes stratégiques offensives, conformément aux
dispositions du Traité.
- Nous nous félicitons du document final de la Conférence d'examen du TNP, qui
exhorte la Conférence sur le désarmement à convenir du lancement immédiat des
négociations concernant le Traité sur l'interdiction de la production de matière fissile, en
vue de les mener à terme en cinq ans. Nous nous engageons à travailler ensemble afin
d'atteindre cet objectif. Nous déploierons tous les efforts possibles avec d'autres pour
faire aboutir, aussitôt que possible en 2001, la négociation d'un Protocole pouvant
renforcer efficacement la Convention sur les armes biologiques. Nous convenons de la
nécessité pour la communauté internationale d'accroître le niveau de financement du
programme russe de destruction des armes chimiques, conformément à l'appel lancé
par la 5e Conférence des États parties à la Convention sur les armes chimiques
- Nous demeurons profondément préoccupés par la prolifération des missiles. Nous
lançons donc un appel à la communauté internationale pour qu'elle continue à
s'occuper de cette question sur une base multilatérale. Nous poursuivrons nos efforts
pour affronter la question. L'adhésion au Régime de contrôle de la technologie relative
aux missiles joue un rôle clé à cet égard.
- Nous demeurons également préoccupés par le fléau que constituent les mines
antipersonnel, qui ont tué et estropié tant de civils innocents un peu partout dans le
monde. Nous sommes déterminés à appuyer les efforts, y compris ceux qui sont
déployés dans le cadre du Traité d'Ottawa, visant l'élimination totale de ces mines, et
nous félicitons des progrès réalisés jusqu'ici dans les domaines des activités
humanitaires de déminage et de destruction des stocks et de la mise au point de
techniques de déminage. Nous continuerons à encourager ces activités.
Terrorisme
- Nous réaffirmons notre engagement à combattre le terrorisme sous toutes ses
formes, indépendamment des motifs de ses auteurs. Nous engageons nos
gouvernements et nos peuples à mener cette lutte. Tous les États, les groupes et les
particuliers doivent reconnaître qu'en vertu de la résolution 1269 du Conseil de sécurité
des Nations Unies, ni refuge ni appui ne doivent être accordés aux terroristes et aucun
acte criminel ne doit être toléré. Nous nous félicitons du travail de nos experts et les
encourageons à poursuivre les efforts pour améliorer la coopération pratique entre les
États du G8 en matière de lutte antiterroriste. De plus, nous insistons sur le fait que la
coopération internationale dans le domaine de la lutte antiterroriste demeure un facteur
clé de l'action visant à vaincre le terrorisme international. Nous continuerons à
collaborer étroitement à cette fin avec les pays d'optique commune. Nous invitons tous
les gouvernements à se conformer strictement aux sanctions prévues dans la
résolution 1267 du Conseil de sécurité et tous les États à oeuvrer en vue de fermer les
camps terroristes contrôlés par le Taliban.
- Nous exhortons tous les États à adhérer aux douze conventions antiterroristes, et
notamment la Convention sur la répression des attentats terroristes à l'explosif et la
Convention sur la suppression des actes de financement du terrorisme, pour qu'elles
puissent entrer en vigueur et être appliquées rapidement et efficacement. Nous avons
engagé des discussions à cet effet. Nous condamnons catégoriquement toute forme de
prise d'otages. Nous réitérons notre préoccupation au sujet de la sécurité aérienne et
nous félicitons de l'initiative visant à tenir un atelier du G8 sur les détournements
d'avions en octobre. Nous appuyons également l'initiative tendant à négocier une
convention générale efficace contre le terrorisme.
Criminels de guerre
- Nous demeurons profondément préoccupés par les violations flagrantes du droit
humanitaire international qui se produisent dans le monde. Mettre fin à l'impunité des
criminels de guerre constitue une importante étape vers la paix et la réconciliation.
Nous appuyons le travail des tribunaux pénaux internationaux existants, nous
coopérons pleinement avec eux et attendons l'établissement d'une Cour pénale
internationale efficace bénéficiant du plus vaste soutien international possible.
Réforme des Nations Unies
- En cette année du Sommet et de l'Assemblée du millénaire et compte tenu des
défis auxquels l'Organisation est confrontée, nous réaffirmons notre engagement à
réformer, renforcer et augmenter l'efficacité du système des Nations Unies, y compris
le Conseil de sécurité, qui a la responsabilité première, en vertu de la Charte des
Nations Unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales. Nous encourageons
les Nations Unies à renforcer le partenariat et la coordination entre les organisations
compétentes et d'autres intervenants du domaine de l'aide humanitaire et de l'aide au
développement. Nous confirmons également la nécessité pour les Nations Unies de
s'appuyer sur une base financière solide, dans le cadre d'arrangements budgétaires
efficaces et grâce à des contributions financières équitables des États membres. Nous
lançons un appel à tous les membres des Nations Unies pour qu'ils contribuent de
façon concrète à l'atteinte de ces objectifs.
Opérations de maintien de la paix des Nations Unies
- Nous réaffirmons notre appui aux opérations de maintien de la paix des Nations
Unies, qui jouent un rôle capital et sans cesse plus important dans le maintien de la
paix et de la stabilité dans le monde. Nous croyons que les événements récents ont mis
en évidence la nécessité d'un examen complet des systèmes et capacités de maintien
de la paix des Nations Unies, tendant à en augmenter l'efficacité. Nous nous félicitons
du fait que le secrétaire général des Nations Unies ait commandé un rapport à ce sujet,
et attendons avec intérêt les discussions concernant l'amélioration des pratiques de
maintien de la paix des Nations Unies, qui se dérouleront sur la base du rapport. Nous
croyons que ces discussions devraient commencer au Sommet du millénaire.
Démocratie
- Nous réaffirmons notre engagement envers la démocratie et soulignons l'interaction
positive entre la démocratie et le respect des droits de la personne et des libertés
fondamentales. Nous prenons également note des avantages réciproques, qui se
renforcent mutuellement, du processus démocratique et du développement
économique. Nous saluons à cet égard les importants échanges de vues qui ont eu lieu
entre les pays ayant participé à la récente conférence de Varsovie. Nous
reconnaissons également la précieuse contribution d'autres initiatives -- notamment
celle des « démocraties nouvelles et rétablies », qui servira de thème à la conférence
devant se tenir en décembre à Cotonou avec l'appui des Nations Unies -- qui
renforcent les processus démocratiques et encouragent davantage de pays à
emprunter cette voie.
Criminalité
- La criminalité internationale menace de plus en plus une vie pacifique ainsi que la
stabilité sociale, économique et politique, à l'échelle tant nationale qu'internationale.
Nous lançons donc un appel en vue de l'adoption, d'ici la fin de l'année courante, de la
Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée transnationale et des
protocoles connexes. La corruption sape également les institutions démocratiques ainsi
que la responsabilité, le développement économique et la coopération internationale.
Nous invitons les États à ratifier et à mettre en oeuvre d'une manière efficace la
Convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption.
Environnement
- La communauté internationale a réalisé des progrès considérables dans le domaine
du développement durable depuis le Sommet de la terre qui s'est tenu en 1992 à Rio,
mais il reste encore du travail à faire. Nos gouvernements continueront à collaborer
avec toutes les régions et tous les intervenants pour préparer la rencontre organisée à
l'occasion du 10e anniversaire de la Conférence de Rio. Nous continuerons à répondre
au besoin de création de capacités pour aider les pays en développement à honorer les
engagements pris dans le cadre des accords multilatéraux sur l'environnement.
- Nous nous félicitons de la parution du rapport sur la mise en oeuvre du programme
d'action du G8 sur les forêts et ordonnons à nos experts de présenter un rapport
d'avancement final en 2002. Nous saluons les résultats du Forum intergouvernemental
sur les forêts (FIF), y compris la proposition relative à un nouvel accord international sur
les forêts, et convenons de prendre des initiatives pour mettre en oeuvre les mesures
envisagées sur lesquelles se sont entendus le FIF et le Groupe intergouvernemental
sur les forêts. Nous espérons qu'il y aura encore plus de collaboration entre la FAO,
l'OIBT et d'autres organisations internationales compétentes.
- Nous réaffirmons notre engagement envers une gestion durable des forêts, y
compris la lutte contre leur exploitation illicite. Nous notons également l'importante
contribution à cette fin du Programme pilote de 1990 pour la préservation des forêts
humides du Brésil, du Réseau international des forêts modèles, de plusieurs processus
en cours portant sur les critères et les indicateurs de gestion durable des forêts et des
travaux de l'OIBT visant la protection des mangroves.
- Nous nous félicitons du travail du Forum mondial de l'eau. La coopération sur les
questions relatives aux ressources en eau peut contribuer à l'atténuation des tensions
régionales et à la prévention des conflits. Nous travaillerons également dans le cadre
d'organisations et de tribunes internationales telles que le PNUE, le PNUD, l'UNESCO
et la Banque mondiale pour régler les questions internationales reliées aux ressources
en eau.
- Nous lançons un appel en vue de l'aboutissement, d'ici la fin de l'année courante,
de la négociation d'un instrument obligatoire sur les polluants organiques persistants.
- Nous soulignons également l'importance du projet ARGO, qui renforcera la capacité
de prédire le changement environnemental mondial grâce à des observations
océanographiques précises. Nous insistons sur la nécessité d'un échange rapide et
efficace de l'information pour atténuer les effets des catastrophes naturelles.
QUESTIONS RÉGIONALES
Asie de l'Est
- Différents facteurs déstabilisateurs demeurent en Asie de l'Est. Il est de la plus
haute importance que toutes les questions en suspens soient réglées pacifiquement et
sans recours ou menace de recours à la force. Nous soulignons l'importance de
mesures de rétablissement de la confiance dans la région et invitons la communauté
internationale à appuyer pleinement des efforts supplémentaires de promotion de la
paix et de la stabilité dans toute la région.
- À cet égard, nous saluons chaleureusement le tout premier Sommet tenu en juin
entre la République de Corée et la République démocratique populaire de Corée, et
espérons une poursuite du dialogue et une réduction de la tension dans la région. Nous
réitérons notre appui à la mise en oeuvre du cadre convenu, y compris la KEDO. Nous
réaffirmons notre soutien de la politique d'engagement de la République de Corée.
Nous nous félicitons des récentes mesures prises par la Corée du Nord en vue d'un
dialogue avec la communauté internationale. Dans ce contexte, nous attendons une
réponse constructive aux préoccupations internationales concernant la sécurité, la non-prolifération, les questions humanitaires et les droits de la personne.
- Nous saluons les développements démocratiques survenus en Indonésie et
réaffirmons notre engagement à poursuivre notre appui aux efforts de réforme
démocratique et économique du pays. Compte tenu de l'importance de l'intégrité
territoriale de l'Indonésie, nous sommes déterminés à accorder notre plein appui aux
efforts déployés par le pays en vue d'une stabilisation de la situation dans la province
d'Aceh, aux Moluques ainsi que dans l'Irian Jaya et d'autres régions, et nous félicitons
de la récente conclusion de l'entente conjointe sur une pause humanitaire pour l'Aceh.
- Nous rendons hommage aux Nations Unies et à d'autres intervenants pour l'aide
qu'ils ont fournie en faveur de l'indépendance et de l'édification du Timor-Oriental. Nous
réitérons notre ferme engagement à continuer à appuyer le peuple du Timor-Oriental
dans ces efforts et invitons les autres pays de la région à se joindre à nous.
Asie du Sud
- Nous sommes profondément préoccupés par le niveau de tension qui règne entre
l'Inde et le Pakistan. Nous exhortons les deux pays à s'abstenir de tout acte pouvant
aggraver la situation et à reprendre le dialogue le plus tôt possible dans l'esprit de
Lahore.
- Nous lançons en outre un appel à l'Inde et au Pakistan pour qu'ils se joignent aux
efforts internationaux tendant à renforcer le régime de non-prolifération et de
désarmement, notamment en continuant à honorer leur engagement unilatéral à ne pas
reprendre les essais nucléaires. Nous exhortons les deux pays à signer et ratifier le
CTBT et à prendre d'autres mesures visant à atteindre les objectifs de non-prolifération
exposés par la communauté internationale dans la résolution 1172 du Conseil de
sécurité des Nations Unies.
- Nous nous inquiétons également de la poursuite du conflit au Sri Lanka. Nous
appuyons les efforts tendant à favoriser un règlement pacifique.
Processus de paix du Moyen-Orient
- Il existe au Moyen-Orient une véritable occasion de parvenir à une paix globale
fondée sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et sur les accords de
Madrid et d'Oslo. Nous réaffirmons notre ferme appui aux efforts des parties qui
cherchent à faire progresser le processus de paix en fonction de cet objectif. Nous
réitérons l'importance que nous attachons à un engagement permanent envers le
règlement pacifique des différends.
- Nous nous félicitons du récent retrait des forces israéliennes du Liban,
conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité, retrait qu'a vérifié le
secrétaire général et qu'a confirmé le Conseil de sécurité des Nations Unies. Il incombe
au gouvernement du Liban de veiller au rétablissement effectif de son pouvoir de
maintien de la paix et de la sécurité au Sud-Liban. Conscients du fait que l'atteinte de
ces objectifs dépendra également de la capacité du gouvernement de répondre aux
besoins d'infrastructure et de développement de la région, nous nous engageons à
appuyer ses efforts à cette fin.
- Compte tenu du Sommet tripartite sur la paix entre Israël et les Palestiniens, nous
exhortons les deux parties à accélérer les négociations afin d'aboutir à un accord final
avant l'expiration du délai du 13 septembre fixé dans le Protocole de Charm el Cheikh.
Nous invitons la communauté internationale à participer aux efforts tendant à aider les
parties à mettre en oeuvre un tel accord, une fois qu'il aura été conclu.
- Nous soulignons l'importance de la reprise des activités des groupes de travail
multilatéraux, conscients du fait que les progrès réalisés à ce niveau tendent à appuyer
les efforts bilatéraux.
Iraq
- Nous invitons l'Iraq à se conformer pleinement aux résolutions pertinentes du
Conseil de sécurité. Tout en insistant sur l'importance de la mise en oeuvre de tous les
aspects de la résolution 1284 du Conseil, nous exhortons le gouvernement iraqien à
coopérer à tous égards avec la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection
des Nations Unies et l'Agence internationale de l'énergie atomique. Comme nous
demeurons préoccupés par les conditions de vie du peuple iraqien, nous lançons un
appel en vue d'un effort concerté tendant à améliorer la situation humanitaire en Iraq.
Nous réaffirmons notre engagement envers l'intégrité territoriale de tous les États de la
région et soulignons l'importance de la stabilité et de la sécurité régionales.
Iran
- Nous saluons les développements démocratiques survenus en Iran, et notamment
les élections parlementaires de février et la convocation du Majlis en mai. Nous
attendons de l'Iran qu'il renforce le respect de la liberté d'expression, de la primauté du
droit et des droits de la personne, et qu'il garantisse à tous l'application de normes de
droit universellement reconnues. Nous nous félicitons des efforts déployés par l'Iran
pour établir des relations positives avec la communauté internationale, et espérons un
dialogue plus étendu avec ce pays. Nous reconnaissons l'effort sérieux que font les
autorités iraniennes pour combattre le trafic de la drogue aux frontières du pays, à un
prix élevé sur le double plan humain et financier. Nous invitons l'Iran à prendre des
mesures constructives en faveur du processus de paix au Moyen-Orient et de la
dissuasion du terrorisme dans la région. Nous invitons également l'Iran à conclure avec
l'AIEA un protocole prévoyant des garanties supplémentaires. Le G8 exhorte l'Iran à
coopérer pleinement en ne produisant pas lui-même d'armes de destruction massive et
de vecteurs et en prévenant la prolifération.
Afghanistan
- Nous nous félicitons des récentes propositions de réconciliation en Afghanistan.
Nous exhortons toutes les parties concernées à faire plus d'efforts en vue d'une paix et
d'une stabilité générales. Reconnaissant l'inquiétude croissante de la communauté
internationale au sujet des violations des droits de la personne, du trafic de stupéfiants
et du terrorisme émanant du territoire de l'Afghanistan, notamment des régions
contrôlées par le Taliban, nous exhortons tous les États à appliquer pleinement la
résolution 1267 du Conseil de sécurité des Nations Unies et à envisager d'autres
mesures.
Balkans
- Nous demeurons déterminés à veiller à une mise en oeuvre complète de la
résolution 1244 du Conseil de sécurité. Les élections municipales prévues au Kosovo
pour l'automne prochain constitueront, si elles sont bien planifiées et sont couronnées
de succès, une importante étape pour l'établissement d'une société démocratique
multi-ethnique. Nous déploierons tous les efforts possibles pour encourager les
communautés nationales du Kosovo, particulièrement les Serbes et les Gitans, à
participer librement aux élections. Nous réaffirmons notre appui aux efforts de la
MINUK et de la KFOR pour atteindre les objectifs fixés dans la résolution 1244 du
Conseil de sécurité et exhortons toutes les parties à coopérer pleinement avec elles.
Nous soulignons la nécessité de donner à la MINUK les ressources nécessaires pour
s'acquitter de son mandat. Nous reconnaissons le rôle joué par l'UE et nous félicitons
des contributions de l'OSCE, d'autres États et des ONG. Nous espérons que la
Structure administrative provisoire conjointe fonctionnera efficacement avec la pleine
participation de toutes les parties intéressées. Nous considérons qu'il est important que
les représentants des Serbes du Kosovo recommencent à participer à ses activités. La
stabilité, la paix et la prospérité du Kosovo dépendent du respect des droits de la
personne, de la primauté du droit et de la démocratie. Nous lançons un appel à tous
ceux qui assument des responsabilités politiques au Kosovo pour qu'ils veillent à ce
que tous les Kosovars, indépendamment de leur origine ethnique, jouissent de la
liberté, de la sécurité et de l'accès à l'aide internationale et aux services publics
essentiels.
- Nous espérons qu'il sera possible à la RFY de parvenir à la démocratie, afin qu'elle
puisse réintégrer la communauté internationale et jouer le rôle qui lui revient de droit en
contribuant à la stabilité dans toute la région. Nous sommes très préoccupés par les
motifs et les conséquences possibles de la révision de la Constitution de la RFY. Nous
exhortons le gouvernement de Belgrade à s'abstenir de toute action pouvant contribuer
à une autre escalade de la violence. Nous demandons également à l'opposition de
participer au développement démocratique pacifique de la RFY. Nous nous opposons
fermement aux récentes restrictions imposées sur la liberté de la presse en RFY. Nous
nous félicitons de la consolidation constante de la démocratie au Monténégro, réitérons
notre appui à ses autorités démocratiquement élues et les exhortons à continuer à faire
preuve de retenue.
- Nous réitérons notre engagement envers une pleine mise en oeuvre des accords
Dayton pour la paix en Bosnie et en Herzégovine et continuerons à encourager toutes
les parties concernées du pays, qu'il s'agisse de citoyens ou de dirigeants, à assumer
leurs responsabilités et à prendre l'initiative d'édifier l'avenir. Nous nous félicitons de la
progression sensible de la Croatie vers la démocratie et la réforme et incitons les
autorités croates à poursuivre leurs efforts. Nous encourageons l'Albanie à déployer
d'autres efforts pour renforcer la démocratie et faire respecter la primauté du droit.
- La stabilité et le développement durable de l'Europe du Sud-Est dépendent des
efforts déployés en faveur du renforcement de la coopération politique, économique,
sociale et culturelle dans la région, efforts visant à favoriser l'harmonie entre les
groupes ethniques en présence. Nous saluons chaleureusement les diverses initiatives
et les progrès réalisés en vue d'atteindre cet objectif au cours de la dernière année,
tant par les États individuels que par les organisations internationales et régionales,
surtout dans le contexte du Pacte de stabilité, qui contribuera à une coopération
régionale efficace. Nous espérons voir d'autres efforts de réforme économique dans la
région et poursuivrons notre appui à cet égard.
Chypre
- Nous recommandons aux chefs d'État et de gouvernement de réitérer leur ferme
appui aux efforts du secrétaire général tendant à parvenir à un règlement global à
Chypre.
Afrique
- Reconnaissant que la stabilité politique est une condition préalable au
développement, nous demeurons profondément préoccupés par les conflits armés qui
se poursuivent en Afrique. Nous recommandons particulièrement la promotion d'une
« culture de la prévention » en Afrique et nous efforcerons d'y contribuer. Nous rendons
hommage aux initiatives prises par l'OUA, la CEDEAO, le SADC, l'Autorité
intergouvernementale pour le développement, les pays africains voisins et d'autres
intervenants, de concert avec les Nations Unies, pour prévenir les conflits et favoriser le
règlement pacifique des différends, et particulièrement de la longue et destructive
guerre civile au Soudan. Préoccupés par les crises qui secouent actuellement différents
pays africains, nous demandons à toutes les parties concernées de se conformer
pleinement aux accords de paix pertinents et aux résolutions des Nations Unies, surtout
dans la région des Grands Lacs, en Angola et en Sierra Leone. Nous nous félicitons de
la conclusion à Alger, le mois dernier, d'un accord mettant fin aux hostilités entre
l'Éthiopie et l'Érythrée. Nous appuyons sa pleine mise en oeuvre et réaffirmons notre
soutien entier à tous les efforts tendant à favoriser un accord de paix entre l'Éthiopie et
l'Érythrée.
- Nous appuyons les efforts africains tendant à promouvoir la primauté du droit, la
bonne gestion des affaires publiques et la démocratie. Nous nous engageons
également à appuyer les efforts déployés par les Africains pour réduire la pauvreté par
la croissance dans l'équité et pour participer comme partenaires à part entière à
l'économie mondiale, grâce à la libéralisation et à la promotion du commerce et de
l'investissement. Nous participerons aux efforts visant à combattre les maladies
infectieuses et parasitaires, et particulièrement le VIH/sida, la tuberculose et le
paludisme, et à faire face aux graves répercussions économiques et sociales de ces
maladies. Nous nous félicitons de la preuve électorale d'une démocratie bien enracinée
que le Sénégal vient de donner, ainsi que du retour à la démocratie de la Guinée-Bissau et du Niger, et invitons la communauté internationale à appuyer davantage les
efforts de réforme au Nigéria. Nous lançons un appel en vue d'un règlement juste et
rapide de la grave situation qui règne au Zimbabwe, fondé sur la primauté du droit, la
démocratie et les droits de la personne. Nous souhaitons également un rétablissement
rapide de la démocratie aux Comores et en Côte d'Ivoire. Nous reconnaissons la
nécessité d'un appui international à la Corne de l'Afrique, dans sa lutte contre la
sécheresse, et aux pays de l'Afrique équatoriale qui souffrent d'inondations.
Colombie
- Nous appuyons pleinement les programmes et les initiatives du gouvernement
colombien tendant à jeter les fondations d'une paix durable et à mettre fin à la culture
et au trafic de récoltes illicites dans le pays, en tenant compte des aspirations et des
besoins des collectivités locales. Nous invitons toutes les parties à respecter les
principes du droit humanitaire international et à négocier pour mettre un terme au
conflit. Nous réaffirmons notre engagement à combattre le blanchiment de l'argent et le
commerce illicite des armes et des produits chimiques précurseurs servant à la
fabrication de drogues illicites, en vue d'éliminer les sources de financement des
groupes armés clandestins dans le pays.
Pérou
- Nous encourageons le gouvernement du Pérou à coopérer avec l'OEA dans la mise
en oeuvre de ses recommandations de réforme, notamment dans l'appareil judiciaire, le
secteur de la sécurité, le processus électoral et la liberté de la presse.
DIALOGUE AVEC LES NON-ALIGNÉS, LE G77 ET LA THAÏLANDE
- Nous nous sommes entretenus avec les ministres des Affaires étrangères de la
Troïka du Mouvement des pays non alignés (Afrique du Sud, Colombie et Bangladesh),
le président du G77 (Nigéria) et le ministre des Affaires étrangères de la Thaïlande (qui
préside la Xe CNUCED et l'ANASE) et avons discuté avec eux de diverses questions
mondiales d'intérêt commun. Nous croyons utile de maintenir le partenariat à l'avenir.
Source: Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.