- L'accroissement considérable du commerce et des flux de capitaux
dans le monde a accentué l'intégration économique et
financière entre tous les pays, et créé un environnement
financier plus complexe, avec une plus grande diversité des flux de
capitaux, des créanciers et des débiteurs. Ce processus de
mondialisation offre de nouvelles chances, mais crée aussi de nouveaux
défis pour les Etats et la communauté internationale, notamment
en ce qui concerne le système monétaire et financier
international.
- Dans ce contexte, les Chefs d'Etat de Gouvernement concluaient lors du
Sommet de Halifax, sur la base d'un rapport de leurs Ministres des Finances,
que "une étroite concertation et une collaboration efficace au chapitre
des politiques macro-économiques au sein du G7 contribuaient de
façon importante à la promotion d'une croissance durable et non
inflationniste, en évitant l'émergence de
déséquilibres externes et en promouvant une stabilité
accrue du marché des changes", que "il était dans notre
intérêt commun de s'assurer que la communauté
internationale restait capable de gérer les risques inhérents au
développement des mouvements de capitaux, à l'intégration
accrue des marchés financiers nationaux, et à
l'accélération des innovations financières", et que "une
coopération internationale plus étroite pour la
réglementation et la supervision des institutions et des marchés
financiers est essentielle pour sauvegarder le système financier et
empêcher l'érosion des normes prudentielles".
- Lors de nos discussions l'année dernière à Halifax,
nous concluions que :
- la stabilité des changes est avant tout assise sur le maintien de
politiques macro-économiques saines, visant à créer les
conditions d'une croissance durable et non inflationniste et à
éviter l'apparition de larges déséquilibres internes ou
externes ;
- la flexibilité des taux de change entre les principales monnaies
est une caractéristique fondamentale du système, car des
événements imprévus peuvent intervenir et les
données économiques fondamentales évoluer, et parce que
les conjonctures économiques et financières entre nos pays sont
suffisamment diverses pour que nous gardions la possibilité d'adapter
nos politiques en conséquence.
- les interventions sur le marché des changes peuvent s'avérer
efficaces et même décisives dans certaines circonstances, mais ces
circonstances sont difficiles à déterminer à l'avance ;
- il n'existe pas de mesure réglementaire ou fiscale qui pourrait
permettre une plus grande stabilité des changes sans induire des
coûts économiques importants.
Ces conclusions restent valables aujourd'hui.
- Notre objectif primordial est de promouvoir une croissance durable et non
inflationniste. Dans ce contexte, la meilleure façon pour le G7 de
promouvoir une plus grande stabilité des changes est de poursuivre des
politiques économiques adaptées, et de coopérer
étroitement sur les marchés des changes lorsque c'est
approprié.
- Depuis deux décennies, le système monétaire
international est fondé sur des taux de changes flexibles entre les
grandes devises. Dans certaines circonstances, il est approprié de
permettre aux parités des principales devises de fluctuer, plutôt
que d'ajuster les politiques monétaires et budgétaires dans un
sens contraire aux besoins de nos économies.
- L'expérience depuis 1973 suggère que les principaux
mouvements de change ont été induits par des changements ou des
distorsions clairement identifiables dans les conditions économiques
sous-jacentes ou dans les politiques économiques. Les efforts pour
préserver un taux de change incohérent avec les données
économiques fondamentales ont toute chance d'entraîner des
distorsions ou des contraintes sur les principaux leviers de la politique
économique. En même temps, les autorités financières
ne peuvent rester indifférentes aux mouvements de change qui
n'apparaissent pas justifiés par les données économiques
fondamentales ou par les politiques économiques poursuivies, et qui ont
donc un impact négatif sur la production ou les prix. Il y a des
circonstances dans lesquelles un étroite coopération peut venir
à l'appui des politiques économiques et renforcer la
stabilité des marchés.
- Le G7 a une responsabilité importante dans la promotion d'un
système monétaire stable et efficace, en donnant l'impulsion
à la mise en oeuvre de mesure destinée à renforcer notre
capacité à gérer les risques et prévenir les
crises, et à améliorer notre capacité à
réagir lorsque de telles crises interviennent. Pour remplir ces
objectifs, nous avons pris un certain nombre d'initiatives au cours des
dernières années, et des améliorations ont
été proposées à Halifax. Ce rapport présente
ces initiatives, et propose des mesures supplémentaires là
où cela apparaît nécessaire.
- Une surveillance plus efficace au sein du G7
- Il est en soi important de poursuivre des politiques économiques
nationales saines, c'est-à-dire destinée à créer
les conditions d'une croissance durable et non inflationniste et à
éviter l'émergence de déséquilibres externes
excessifs. De telles politiques sont également nécessaires pour
une plus grande stabilité des changes et pour éviter -ou
réduire- les désajustements des parités de change.
L'accentuation considérable de l'intégration financière
accroît la nécessité de poursuivre de telles politiques,
mais également les bénéfices qui peuvent être
tirés de la coopération en matière de politique
économique. La surveillance au sein du G7 fournit le cadre permettant
d'identifier les risques et d'élaborer des mesures appropriées
pour y répondre, et d'oeuvrer à la stabilité du
système financier et monétaire international.
- La surveillance au sein du G7 a été améliorée
au cours des dernières années, et des résultats
encourageants ont été atteints dans ce cadre informel :
- nous avons déjà fait des progrès importants dans
l'élaboration d'objectifs de politique économique communs : nous
sommes d'accord sur l'importance capitale que revêt la lutte contre
l'inflation et avons accompli de grands progrès dans ce domaine ; nous
sommes d'accord sur la stratégie de moyen terme de réduction des
déficits publics, que nous poursuivrons résolument afin
d'accroître l'épargne nationale et de réduire les
déséquilibres externes. Cette convergence accrue devrait
favoriser des taux de changes stables et des niveaux de taux
d'intérêt à long terme bas dans l'ensemble de nos pays
;
- après la crise du Mexique, le G7 a donné l'impulsion à
un renforcement important de la surveillance du FMI, en cours de mise en oeuvre
(cf. ci-dessous).
- Nous avons adopté un certain nombre de mesures pour
améliorer l'efficacité de la surveillance au sein du G7. Pour
consolider ces améliorations, nous sommes en faveur des mesures
supplémentaires suivantes :
- concentrer nos discussions sur les risques potentiels affectant les
perspectives dans les pays du G7 et sur les mesures nécessaires pour les
contrecarrer. Plus d'attention pourrait être également
dévolue aux problèmes économiques structurels et de moyens
terme ;
- faire plus grand cas des risques potentiels qui résident en dehors
du G7 et qui peuvent affecter le système monétaire et financier
international, en se fondant sur l'analyse du Directeur Général
du FMI ;
- renforcer la coopération au niveau des suppléants pour
préparer nos réunions, avec le concours approprié de leurs
collègues des banques centrales et de l'équipe dirigeante du FMI.
- Poursuivre la coopération étroite du G7 sur les
marchés des changes
- Les désajustements de taux de change peuvent accroître
l'incertitude dans l'économie mondiale et handicaper la croissance et
les échanges. Lorsque les parités semblent devoir évoluer
dans une direction non conforme aux données économiques
fondamentales, un suivi étroit est requis et des actions
coordonnées peuvent s'avérer nécessaires.
- Le "renversement ordonné" des principales parités depuis 1995
constitue un mouvement positif et prometteur. Plusieurs facteurs l'expliquent.
Le plus important d'entre eux réside dans les changements de politiques
économiques et l'évolution des données économiques
fondamentales. Mais les signaux lancés sur les marchés par le G7
en 1995, grâce à des communiqués et -lorsque les
circonstances étaient appropriées- à des interventions
concertées, ont été utiles pour donner l'impulsion
à cette correction.
- Sur ces bases, nous devons poursuivre notre coopération
étroite sur les marchés des changes, en prenant en compte les
éléments suivants :
- une communication claire et cohérente de l'analyse commune du G7
peut avoir une influence stabilisatrice, et peut aider à renforcer la
crédibilité de notre engagement à coopérer sur les
marchés des changes lorsque les circonstances l'exigent ;
- les interventions peuvent être efficaces dans certaines conditions,
notamment quand elles viennent à l'appui de modifications des politiques
économiques ou d'évolution des données économiques
fondamentales de nature à modifier les anticipations sur les taux de
change futurs ;
- l'instrument des interventions doit être utilisé
judicieusement compte tenu de ses conséquences sur la conduite de la
politique monétaire et des montants que les autorités sont
susceptibles de mobiliser, comparés à la taille des
marchés internationaux de capitaux. Néanmoins, ces
éléments ne remettent pas en cause notre capacité commune
à délivrer des signaux clairs aux marchés, lorsque c'est
nécessaire ;
- les interventions ont plus de chances d'être efficaces lorsqu'elles
sont coordonnées et reflètent un consensus ;
- une condition importante pour le succès des interventions
réside dans le choix du moment approprié.
- De meilleurs garde-fous prudentiels sur les marchés de
capitaux
La mondialisation des marchés financiers et l'accroissement substantiel
des mouvements de capitaux transfrontières ont créé un
environnement financier plus complexe. Une réglementation
financière complète et efficace, un contrôle prudentiel
renforcé des marchés et une coopération internationale
améliorée entre les autorités prudentielles constituent
des éléments essentiels pour le maintien de la stabilité
du système financier et monétaire international.
- Les pays industrialisés coopèrent pour la mise au point d'un
cadre prudentiel depuis de nombreuses années. Les Comités de
Bâle (BRI) ont progressé dans l'élaboration de normes
internationales pour le contrôle prudentiel des banques et pour renforcer
la solidité des systèmes de paiements qui lient entre elles les
places financières. L'OICV a fait de même pour le contrôle
prudentiel des sociétés d'investissement et des marchés.
Au cours des dernières années, les autorités prudentielles
bancaires et de marché ont accru leur concertation au niveau
international pour traiter des problèmes qui dépassent le cadre
d'une seule juridiction.
- Nous reconnaissons le travail substantiel mené de façon
concertée par les Comités de Bâle et de l'OICV sur les
produits dérivés, en vue de promouvoir une meilleure gestion du
risque, des règles de "reporting" harmonisée et une plus grande
transparence.
- Nous accueillons avec satisfaction la publication, en décembre 1995,
des normes pour l'adéquation du capital des banques à leur
exposition aux risques de marché, qui constitueront un complément
très important aux ratios prudentiels existants.
- Néanmoins, l'évolution des structures du monde financier et
l'émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux marchés demandent
une adaptation continuelle du contrôle prudentiel, notamment en
matière de coopération. Nous accueillons avec satisfaction les
rapports des Comités de Bâle et de l'OICV dans ce domaine. Ces
rapports tracent la voie de la poursuite des progrès en cours et des
efforts renforcés à mener dans les directions suivantes :
- améliorer la coopération entre places financières
pour renforcer le contrôle prudentiel des institutions
financières. Dans ce contexte, nous accueillons avec satisfaction
les efforts des Comités de Bâle et de l'OICV pour accroître
leur collaboration et les travaux du Forum regroupant les autorités de
contrôle des banques, des assurances et des marchés. Des
mécanismes devraient être élaborés afin de mieux
organiser la coopération. Pour mettre en oeuvre une coopération
adaptée au contrôle prudentiel d'une institution financière
aux activités internationales, il serait opportun de clarifier le
rôle et les responsabilités des différentes
autorités de contrôle concernées, et de mettre en place un
réseau plus complet d'accords bilatéraux de coopération
entre autorités.
- renforcer les normes prudentielles sur les marchés
émergents et la coopération avec leurs autorités de
contrôle. Une réglementation et un contrôle prudentiels
efficaces doivent couvrir l'ensemble des places financières importantes,
et notamment celles qui croissent rapidement. Les Comités de Bâle
et de l'OICV travaillent à renforcer les initiatives bilatérales
ou régionales en ce sens. Etant donné l'importance croissante des
marchés émergents, ces comités et les autres enceintes
appropriées doivent être encouragés à renforcer
leurs liens avec les autorités de contrôle de ces marchés,
afin de promouvoir des normes prudentielles rigoureuses. Les institutions
financières internationales (FMI, Banque Mondiale...) devraient
contribuer plus avant à la promotion de structures de contrôle
prudentiel efficaces sur les marchés émergents ;
- encourager les efforts de transparence du secteur privé. La
gestion du risque revient avant tout aux acteurs de marché. Les
autorités réglementaires devraient encourager, voire imposer si
nécessaire, les efforts du secteur privé pour augmenter la
transparence des marchés et favoriser des comportements sains dans la
gestion du risque, par le jeu du marché. Du succès de ces efforts
peuvent dépendre les réflexions en cours pour la création
d'un réseau d'information destiné à suivre
l'évolution des marchés ;
- améliorer le "reporting" et l'information publique sur les
activités afférentes aux produits dérivés. Un
suivi efficace de ces activités est cruciale, et exige une
coopération plus étroite entre les autorités de
contrôle. De ce point de vue, nous accueillons avec satisfaction
l'enquête mondiale menée par la BRI au cours du printemps 1995, et
des actions qui doivent s'ensuivre. Nous attendons également la
conclusion des travaux menés cette année par l'OICV et Bâle
pour définir une approche harmonisée des normes de "reporting"
des risques liés aux produits dérivés, ainsi que des
progrès à réaliser pour améliorer l'information
publique concernant ces risques ;
- améliorer la coopération entre bourses. Nous attendons
la mise en oeuvre des "recommandations de Windsor" pour l'accroissement de la
coopération entre bourses de valeurs à terme et autorités
de contrôle. Nous notons avec satisfaction le développement
d'accords d'échanges d'information entre autorités
boursières, ainsi que l'accord récemment conclu pour
l'information mutuelle des autorités de bourse et des autorités
de contrôle compétentes. Nous attendons enfin l'étude de
l'OICV sur les méthodes d'identification des risques que supportent les
entreprises et qui peuvent affecter le marché, et de protection des
acteurs de marchés contre les défauts potentiels des
entreprises.
- Renforcer notre capacité collective à réagir aux
crises financières
- L'intégration croissance des marchés financiers, le
changement d'échelle et de composition des mouvements de capitaux, et la
plus grande diversité et le plus grand nombre de créanciers et de
débiteurs offrent de nouvelles chances et présentent de nouveaux
défis pour le système financier. A Halifax, les Chefs d'Etat et
de Gouvernement ont proposé des initiatives pour renforcer le
système financier mondial, en attachant une attention
particulière au rôle du FMI. Nous accueillons avec une grande
satisfaction leur mise en place :
- l'amélioration du système d'alerte est en cours de mise en
oeuvre : les capacités de surveillance du FMI ont été
améliorées ; le FMI a établi des normes pour la
publication des données économiques et financières, et les
pays sont en train d'y souscrire sur une base volontaire ;
- afin de mieux réagir aux crises, un mécanisme financier
d'urgence, destiné à accélérer les
procédures, a été mis en place au FMI ;
- nous accueillons avec grande satisfaction l'accord de principe pour le
doublement des ressources disponibles au titre des Accords
généraux d'emprunt. Ce mécanisme inclura un plus large
groupe de pays ayant la capacité de soutenir le système
monétaire international. Nous nous félicitons de ce partage des
responsabilités monétaires qui permet d'adapter notre
coopération aux nouvelles réalités économiques
mondiales ;
- nous accueillons avec satisfaction le rapport du groupe de travail du G10
sur la résolution des crises de liquidités des emprunteurs
souverains ;
- nous soutenons pleinement la 11ème revue en cours des quotes-parts
du FMI, afin d'assurer au Fonds les ressources suffisantes pour remplir ses
missions. Nous croyons qu'il est important que le FMI reste une institution
fondée sur les quotes-parts, et qu'il ait les ressources
nécessaires pour remplir son rôle central dans le système
financier mondial.
Source: Service de Documentation de l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon(I.E.P). © Institut d'Etudes Politiques de Lyon. 1996