1. Nous, chefs d'Etat ou de Gouvernement des sept grands pays industrialisés ainsi que les représentants de la Communauté Européenne, réunis à Tokyo pour le douzième sommet économique, avons examiné l'évolution de l'économie mondiale depuis notre rencontre à Bonn il y a un an, et avons réaffirmé notre constante détermination à travailler ensemble pour soutenir et accroître la prospérité et le bien-être des peuples de nos pays, à apporter notre soutien aux pays en développement dans leurs efforts pour promouvoir leur croissance économique et leur prospérité, et à améliorer le fonctionnement du système monétaire international et des échanges mondiaux.
2. Les progrès réalisés depuis notre dernière rencontre reflètent l'efficacité des politiques que nous nous sommes engagés à appliquer lors des sommets économiques de ces dernières années. Les économies des pays industrialisés connaissent maintenant leur quatrième année d'expansion. Dans tous nos pays le taux d'inflation a baissé. Conjugué à la mise en oeuvre de politiques monétaires et budgétaires prudentes, ceci a permis une baisse substantielle des taux d'intérêts. Il y a eu une modification importante de la grille des taux de change, qui reflète mieux les conditions économiques fondamentales. Pour les pays industrialisés et en fait pour l'économie mondiale, la baisse récente des prix du pétrole contribuera à maintenir une croissance non inflationniste et à augmenter le volume des échanges mondiaux, en dépit des difficultés que cette baisse crée pour certains pays producteurs de pétrole. Dans l'ensemble, cette évolution ouvre des perspectives plus encourageantes pour l'avenir de l'économie mondiale et permet de l'envisager avec davantage de confiance.
3. Cependant, l'économie mondiale est encore confrontée à un certain nombre de problèmes difficiles qui pourraient compromettre la poursuite de la croissance, notamment un chômage élevé, des déséquilibres internes et externes importants, une incertitude quant à l'évolution à venir des taux de change, le maintien de pressions protectionnistes, la persistance de difficultés pour de nombreux pays en développement, de graves problèmes d'endettement pour certains d'entre eux, et une incertitude sur les perspectives à moyen terme en ce qui concerne le prix de l'énergie. Si nous laissons persister trop longtemps d'importants déséquilibres et d'autres distorsions, ceux-ci constitueront une menace de plus en plus grande pour la croissance économique mondiale et pour le système commercial multilatéral ouvert. Nous ne pouvons nous permettre de relâcher nos efforts. En formulant nos politiques, nous devons considérer le moyen et le long terme et tenir compte du caractère structurel et interdépendant des problèmes actuels.
4. Nous soulignons la nécessité d'appliquer dans tous les pays des politiques d'ajustement structurelles efficaces concernant l'ensemble des activités économiques afin d'améliorer la croissance, l'emploi et l'intégration des économies nationales dans l'économie mondiale. Ces politiques incluent l'innovation technologique, l'adaptation des structures industrielles, la croissance du commerce et des investissements directs étrangers.
5. Dans chacun de nos pays, il demeure essentiel de maintenir un strict contrôle des dépenses publiques dans un cadre à moyen terme approprié de politiques budgétaires et monétaires. Dans certains de nos pays, il continue à y avoir des déficits budgétaires excessifs que les Gouvernements concernés sont déterminés à réduire progressivement.
6. Depuis notre dernière rencontre nous avons remporté quelques succès dans la création d'emplois nouveaux pour répondre à l'augmentation de la main d'oeuvre, mais le chômage demeure beaucoup trop élevé dans nombre de nos pays. Une croissance non inflationniste reste la clé essentielle pour limiter et réduire le chômage, mais elle doit être renforcée par des politiques qui encouragent la création d'emplois, en particulier dans les industries nouvelles et de haute technologie et dans les petites entreprises.
7. En même temps, il est important qu'il y ait une coordination étroite et permanente des politiques économiques entre les sept pays du sommet. Nous nous félicitons des exemples récents d'amélioration de la coordination entre le groupe des cinq Ministres des Finances et les banques centrales, qui ont contribué à modifier la grille des taux de change et à abaisser les taux d'intérêt sur une base ordonnée et non inflationniste. Nous convenons toutefois que des mesures complémentaires devraient être prises pour renforcer encore les procédures destinées à assurer une coordination efficace de la politique économique internationale.
A cette fin les chefs d'Etat ou de Gouvernement :
- conviennent de constituer un nouveau groupe des sept Ministres des Finances comprenant l'Italie et le Canada, qui travailleront ensemble plus étroitement et plus fréquemment dans les périodes séparant les rencontres annuelles au sommet ;
- demandent aux sept Ministres des Finances d'examiner collectivement, au moins une fois par an, leurs objectifs et prévisions économiques respectifs en utilisant les indicateurs spécifiés ci-dessous, en accordant une attention particulière à leur compatibilité mutuelle ;
Avec les représentants de la Communauté Européenne :
- déclarent que les objectifs d'une meilleure coordination devraient inclure expressément la promotion d'une croissance économique non inflationniste, le renforcement d'incitations orientées vers le marché en faveur de l'emploi et de l'investissement productif, l'ouverture du système des échanges et des investissements internationaux, et le progrès vers une plus grande stabilité des taux de change ;
- réaffirment l'engagement pris au sommet de Versailles en 1982 de coopérer avec le F.M.I. pour renforcer la surveillance multilatérale, en particulier avec les pays dont les monnaies constituent le DTS et demandent que, dans l'exercice de cette surveillance et en association avec le directeur général du F.M.I., leurs prévisions économiques respectives soient passées en revue en prenant en compte des indicateurs tels que les taux de croissance du PNB, les taux d'inflation, les taux d'intérêt, les taux de chômage, les niveaux de déficit budgétaire, les balances courantes et les balances commerciales, les taux de croissance des agrégats monétaires, les réserves et les taux de change ;
- invitent les Ministres des Finances et les banques centrales à faire, dans l'exercice de la surveillance multilatérale, tous leurs efforts pour parvenir à un accord sur les mesures correctives appropriées toutes les fois qu'il se produit une déviation importante par rapport à une orientation projetée, et recommandent que les mesures correctives s'appuient avant tout sur les conditions économiques fondamentales sous-jacentes tout en réaffirmant l'engagement pris à Williamsburg en 1983 d'intervenir sur les marchés des changes lorsque ce sera utile.
Les chefs d'Etat ou de Gouvernement :
- demandent au groupe des cinq Ministres des Finances d'inclure dans leurs réunions le Canada et l'Italie toutes les fois qu'il sera discuté et traité de la gestion ou de l'amélioration du système monétaire international et des mesures de politique économique y afférentes ;
- invitent les Ministres des Finances à faire rapport au prochain sommet économique.
Ces améliorations de la coordination devraient être accompagnées d'efforts semblables au sein du groupe des Dix.
8. L'application de ces politiques par les pays industrialisés aidera les pays en développement dans la mesure oł elle renforce l'économie mondiale, crée les conditions d'une baisse des taux d'intérêt, permet d'accroître les flux financiers vers les pays en développement, favorise le transfert de technologie et améliore l'accès au marché des pays industrialisés. En même temps, les pays en développement et notamment les pays débiteurs pourraient être amenés à jouer un plus grand rôle dans l'économie mondiale en adoptant des politiques d'ajustement structurelles efficaces associées à des mesures visant à mobiliser l'épargne nationale, à encourager le rapatriement des capitaux, à améliorer l'environnement pour les investissements étrangers et à promouvoir des politiques commerciales plus ouvertes. A cet égard, notant en particulier la situation difficile qu'affrontent les pays très dépendants des exportations de produits de base, nous convenons de continuer à soutenir leurs efforts pour assurer une plus grande part de la transformation de leurs produits, pour diversifier leurs économies et convenons de tenir compte de leurs besoins en matière d'exportation dans la formulation de nos propres politiques commerciales et internes.
9. Les flux financiers privés continueront de jouer un rôle important pour répondre à leurs besoins de développement. Nous réaffirmons notre volonté de maintenir et au besoin d'accroître les flux financiers publics tant bilatéraux que multilatéraux vers les pays en développement. A cet égard, nous attachons une grande importance à une huitième reconstitution rapide et substantielle des ressources de l'Association Internationale de Développement (IDA) et à une augmentation générale du capital de la Banque Mondiale lorsque ce sera nécessaire. Nous attendons des progrès dans la mise en oeuvre de l'agence de garantie multilatérale pour l'investissement.
10. Nous réaffirmons que l'approche au cas par cas des problèmes de la dette internationale conserve toute son importance. Nous saluons les progrès faits dans la mise en oeuvre de la stratégie concertée de la dette fondée en particulier sur l'initiative américaine. Le rôle des institutions financières internationales, y compris les banques multilatérales de développement, continuera à être central et nous saluons les initiatives allant dans le sens d'une coopération plus étroite entre ces institutions, en particulier entre le FMI et la Banque Mondiale. Des programmes d'ajustement sains exigeront aussi la reprise des prêts des banques commerciales, la flexibilité dans le rééchelonnement de la dette et un accès approprié aux crédits à l'exportation.
11. Nous saluons l'amélioration générale de la situation alimentaire qui est intervenue en Afrique. Néanmoins, un certain nombre de pays africains continuent à avoir besoin d'une aide d'urgence et nous sommes prêts à leur fournir une assistance. Plus généralement, nous continuons à reconnaître qu'il convient d'accorder un haut degré de priorité à la satisfaction des besoins de l'Afrique. Les mesures définies dans le rapport sur l'aide à l'Afrique adopté par nos Ministres des Affaires étrangères et qu'ils nous ont remis devraient être appliquées avec détermination. L'aide devrait se concentrer en particulier sur le développement économique à moyen et à long terme de ces pays. Dans ce contexte, nous attachons une grande importance à poursuivre la coopération à travers la facilité spéciale pour l'Afrique sub-saharienne, la mise en place rapide de la nouvelle facilité pour l'ajustement structurel du Fonds monétaire international et l'utilisation de l'AID. Notre intention est de participer activement à la prochaine session spéciale des Nations Unies sur l'Afrique pour poser les fondations d'un développement à long terme de la région.
12. Le système de commerce multilatéral ouvert est une des clés de l'efficacité et de l'expansion de l'économie mondiale. Nous réaffirmons notre engagement d'arrêter et de faire reculer le protectionnisme, de réduire et de démanteler les restrictions au commerce. Nous soutenons le renforcement du système et du fonctionnement du GATT, son adaptation aux nouveaux développements du commerce mondial et à l'environnement économique international et l'extension aux sujets des disciplines internationales à de nouveaux sujets.
Le nouveau cycle de négociations unilatérales devrait traiter entre autres la question des échanges de services, les aspects commerciaux du droit de propriété intellectuelle et l'investissement direct étranger.
Une plus grande libéralisation du commerce est, nous en sommes convaincus, aussi importante pour les pays en développement que pour nous-mêmes et nous sommes pleinement engagés dans le processus de préparation du GATT en ayant en vue un lancement rapide du nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales. Nous nous emploierons lors de la session ministérielle de septembre à progresser de manière décisive dans cette direction.
13. Nous notons avec préoccupation qu'une situation de surplus structurel global existe maintenant pour quelques produits agricoles importants, en partie en raison d'améliorations technologiques, en partie en raison de changements sur le marché mondial et en partie en raison de politiques anciennes de subventions nationales et de protection de l'agriculture dans tous nos pays.
Ceci porte préjudice aux économies de certains pays en développement et est susceptible d'aggraver le risque d'une extension des pressions protectionnistes. C'est un problème qui nous est commun à tous et qui ne peut être traité que par une coopération mutuelle. Nous reconnaissons tous l'importance de l'agriculture pour le bien-être des communautés rurales mais nous sommes tombés d'accord sur le fait que, quand il existe des surplus, une action est nécessaire pour réorienter les politiques et ajuster les structures de la production agricole compte tenu de la demande mondiale. Nous reconnaissons l'importance d'une bonne appréhension de ces problèmes et exprimons notre détermination à soutenir pleinement les travaux de l'OCDE dans ce domaine.
14. Conscients du fait que la baisse du prix du pétrole doit beaucoup aux politiques énergétiques que nous avons menées collectivement au cours de la dernière décennie, nous reconnaissons la nécessité de poursuivre des politiques permettant d'atteindre à long terme une stabilité du marché de l'énergie et une sécurité de l'approvisionnement. Nous notons que la situation actuelle du marché pétrolier permet aux pays qui le souhaitent d'accroître le niveau de leurs stocks.
15. Nous réaffirmons l'importance de la science et de la technologie pour la croissance dynamique de l'économie mondiale et prenons note avec satisfaction du rapport final du groupe de travail Technologie, croissance et emploi. Nous saluons les progrès faits par le programme américain de station spatiale habitée et par le programme autonome de l'Agence Spatiale Européenne (ESA). Nous soulignons l'importance d'une coopération véritable et d'un échange approprié d'informations, d'expériences et de technologies entre les Etats participants. Nous notons aussi avec satisfaction les résultats du symposium sur la neuroscience et l'éthique organisé par la République fédérale d'Allemagne et nous apprécions la décision du Gouvernement canadien d'accueillir la prochaine réunion.
16. Nous réaffirmons notre responsabilité partagée avec d'autres Gouvernements de préserver l'environnement naturel et nous continuons à attacher de l'importance à la coopération internationale dans la prévention et le contrôle efficaces de la pollution et dans la gestion des ressources naturelles. Dans cet esprit, nous prenons note du travail des experts en environnement sur l'amélioration et l'harmonisation des techniques et des pratiques de mesures sur l'environnement et nous leur demandons de faire rapport dès que possible. Nous reconnaissons aussi la nécessité de renforcer la coopération avec les pays en développement en matière d'environnement. Nous sommes d'accord pour nous rencontrer à nouveau en 1987 et avons accepté l'invitation du président du Conseil du Gouvernement italien à nous réunir en Italie.
Source: Service de Documentation de l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon (I.E.P); France, Ministère des Affaires Etrangères © Institut d'Etudes Politiques de Lyon. 1996
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