Depuis 1975, la situation économique mondiale s'est améliorée progressivement. Toutefois, dans tous nos pays, des problèmes sérieux subsistent. Notre tâche la plus urgente est de créer des emplois tout en continuant de réduire l'inflation. L'inflation n'est pas un remède au chômage mais, bien au contraire, l'une de ses causes principales. Les progrès dans la lutte contre l'inflation ont été inégaux. Les problèmes d'ajustement entre les pays ayant des surplus et ceux ayant des déficits demeurent importants. Le monde ne s'est pas encore pleinement ajusté aux effets dépressifs de l'augmentation du prix du pétrole intervenue en 1974.
Nous engageons nos gouvernements à atteindre des objectifs de croissance et des stabilisations, différents selon les pays considérés, mais qui, pris dans leur ensemble, devraient assurer les fondements d'une croissance soutenue et non inflationniste dans le monde entier.
Quelques-uns de nos pays ont adopté des objectifs de croissance raisonnablement expansionnistes pour 1977. Les gouvernements de ces pays examineront avec soin l'application de ces politiques et s'engagent à adopter les mesures supplémentaires qui apparaîtraient nécessaires pour atteindre les objectifs affichés et contribuer à l'ajustement des déséquilibres des paiements. Les autres pays poursuivent des politiques de stabilisation destinées à procurer les bases d'une croissance soutenue qui n'accroisse pas pour autant les anticipations inflationnistes. Les gouvernements de ces pays s'attacheront à la poursuite de ces buts.
Ces deux types de politiques sont liées entre elles. Celles du premier groupe de pays devraient permettre de créer un environnement menant à l'expansion dans les autres sans ajouter à l'inflation. C'est seulement si les taux d'expansion peuvent être maintenus dans le premier groupe et accrus dans le second, et si l'inflation est maîtrisée dans les deux, que le chômage pourra être réduit.
Nous sommes particulièrement préoccupés du chômage parmi les jeunes. C'est pourquoi nous favoriserons la formation des jeunes afin de constituer une force de travail expérimentée et souple qui puisse profiter de la reprise de l'activité économique au fur et à mesure de son développement. Tous nos gouvernements, individuellement ou collectivement, prennent des mesures appropriées à cet effet.
Nous devons apprendre le plus possible les uns des autres et nous sommes convenus d'échanger expériences et idées.
Le succès dans la gestion de nos économies nationales non seulement renforcera la croissance économique mondiale mais contribuera aussi au succès dans quatre autres domaines économiques importants : le financement des balances des paiements, le commerce, l'énergie et les relations Nord-Sud. Des progrès dans ces domaines contribueront à leur tour à la reprise économique mondiale.
Financement des balances des paiements
Pendant plusieurs années, les pays importateurs de pétrole, considérés en tant que groupe, auront à faire face à d'importants déficits de paiements et importeront des capitaux en provenance des pays de l'O.P.E.P. pour financer ces déficits. Le déficit de l'année en cours pourrait atteindre 45 milliards de dollars. Il ne sera réduit qu'en diminuant notre dépendance à l'égard du pétrole importé et en augmentant la capacité d'importation des pays producteurs de pétrole.
Ce déficit doit être réparti parmi les pays consommateurs de pétrole selon un schéma compatible avec leurs possibilités d'attirer des capitaux de manière continue.
Ce schéma demande encore d'importants ajustements et, si l'on veut avancer dans cette voie, une large coopération internationale sera nécessaire ainsi qu'une action résolue de la part des pays tant excédentaires que déficitaires.
Les stratégies d'ajustement dans les pays déficitaires doivent mettre notamment l'accent sur l'élimination des sources intérieures de l'inflation et l'amélioration des rapports internationaux en matière de prix de revient. Il est important que les pays industriels qui ont une position relativement forte en matière de balance des paiements assurent une expansion continue et adéquate de la demande intérieure, dans des limites prudentes. En outre, ces pays, comme d'autres pays dont la balance des paiements est forte, devraient promouvoir un accroissement des exportations de capitaux à long terme.
Le F.M.I. doit jouer un rôle de premier plan dans le financement de l'ajustement des balances des paiements. Nous approuvons sans réserve le récent accord au sein du Comité intérimaire du F.M.I. qui doit permettre l'adoption de politiques de stabilisation appropriées. Ces ressources supplémentaires renforceront la possibilité pour le F.M.I. d'encourager et aider les pays membres à adopter des politiques de nature à limiter les déficits de paiements et faciliter le financement de ces derniers par recours aux marchés privés. Elles doivent être utilisées aux conditions et avec la souplesse requises pour favoriser un rythme approprié d'ajustement.
Cette proposition du F.M.I. devrait faciliter le maintien de niveaux raisonnables d'activité économique et réduire le danger d'un recours à des pratiques restrictives en matière de commerce extérieur ou de paiements internationaux. Elle illustre la coopération entre les nations exportatrices de pétrole, les nations industrialisées jouissant de la situation financière la plus solide et le F.M.I.; elle contribuera considérablement à l'assainissement et au progrès de l'économie mondiale. Nous réaffirmons également notre intention de nous efforcer, dans la poursuite de cet objectif, d'accroître la stabilité monétaire.
Nous sommes convenus que le système monétaire et financier international, dans son nouveau cadre légal, tel qu'il a été agréé, devrait être renforcé par la mise en oeuvre rapide de l'augmentation des quotas. Nous nous emploierons à atteindre rapidement un accord au sein du F.M.I. en vue d'un nouvel accroissement des quotes-parts de cette organisation.
Commerce international
Nous nous sommes engagés à donner une forte impulsion politique à l'effort global déployé en vue de développer les possibilités d'échanges commerciaux et renforcer le système libéral du commerce international.
Il est indispensable d'atteindre ces objectifs pour assurer la prospérité économique mondiale et résoudre efficacement les problèmes économiques auxquels se trouvent confrontés aussi bien les pays industrialisés que les pays en voie de développement.
Les politiques protectionnistes provoquent le chômage, accroissent l'inflation et minent le bien-être de nos populations. C'est pourquoi, nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité de maintenir notre engagement politique en faveur d'un système de commerce international ouvert et non discriminatoire. Nous nous efforcerons, tant sur le plan national que par le biais des organismes internationaux, de faire prévaloir des solutions de nature à créer des emplois et des avantages pour les consommateurs par une expansion des échanges et d'éviter des approches qui tendraient à restreindre le commerce.
Il convient de poursuivre énergiquement les négociations commerciales internationales dites du Tokyo Round. Le caractère persistant des difficultés économiques a rendu plus essentielles encore la réalisation des objectifs définis dans la déclaration de Tokyo et la négociation d'une série exhaustive d'accords au plus grand bénéfice de tous. A cette fin, nous nous efforcerons cette année de progresser sensiblement dans des secteurs clés tels que :
(i) l'élaboration d'un plan de réduction des droits de douanes qui soit d'application aussi large que possible de manière à parvenir à une réduction et une harmonisation substantielles des droits de douane et, dans certains cas, à leur suppression.
(ii) la mise au point de codes de conduite, d'accords et de mesures destinés à faciliter un abaissement important des obstacles non tarifaires au commerce et à éviter pour le futur la création de tels obstacles et qui tiendront compte des changements structurels qui sont intervenus dans l'économie mondiale.
(iii) une approche mutuellement acceptable dans le domaine de l'agriculture afin que soit assurées une expansion et une stabilisation accrues des échanges et que soit donnée une meilleure garantie d'approvisionnement mondial en produits alimentaires.
Ces progrès ne devraient pas priver les différents pays du droit, dans le cadre des accords internationaux existants, de se prémunir des perturbations sérieuses du marché.
Tout en nous efforçant de parvenir à la conclusion d'accords exhaustifs et équilibrés sur la base du principe de réciprocité entre tous les pays industrialisés, nous sommes décidés, conformément aux objectifs stipulés dans la déclaration de Tokyo, à veiller à ce que ces accords consentent des avantages particuliers aux pays en voie de développement.
Nous rendons, hommage à l'action entreprise par les gouvernements pour atténuer la concurrence néfaste résultant des aides officielles accordées pour le financement des exportations et nous proposons que de nouveaux et substantiels efforts soient poursuivis cette année en vue d'améliorer et d'élargir l'actuel consensus dans ce domaine.
Nous considérons qu'il convient d'éliminer les pratiques irrégulières et les comportements abusifs dans le secteur bancaire et commercial et nous nous félicitons des travaux en cours pour parvenir à un accord international sur ce point.
Energie
Nous nous félicitons des mesures qui ont été prises par un certain nombre de gouvernements pour augmenter les économies d'énergie. L'accroissement de la demande d'énergie et de pétrole importés se poursuit à un rythme qui exerce des pressions excessives sur les ressources du monde en hydrocarbures, lesquelles vont en s'amenuisant. Nous sommes, par conséquent, d'accord sur la nécessité de faire tout ce qui est possible pour aller encore plus loin dans cette voie.
Nous nous sommes engagés à accomplir des efforts, tant sur le plan national qu'en commun, pour limiter la demande d'énergie, accroître et diversifier les sources d'approvisionnement. Il sera nécessaire de développer les échanges de technologie, la recherche et le développement en commun en vue d'une utilisation plus efficace de l'énergie, d'une extraction et d'un emploi accrus du charbon et des autres ressources énergétiques traditionnelles, et de la mise en oeuvre de nouvelles sources d'énergie.
Afin de satisfaire les besoins croissants en énergie, et d'aider à diversifier les sources d'énergie, un recours accru à l'énergie nucléaire sera nécessaire. Ceci devrait être fait en prenant les plus grandes précautions en ce qui concerne la production et la dissémination des matières qui peuvent être utilisées pour les armes nucléaires. Notre objectif est de faire face aux besoins énergétiques mondiaux et de rendre largement disponible l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, tout en évitant le danger de la diffusion des armes nucléaires.
Nous sommes également convenus qu'afin d'être efficaces les politiques de non prolifération devraient être, autant que possible, acceptables tant aux pays industrialisés qu'aux pays en développement. A cette fin, nous allons entreprendre une analyse préliminaire qui doit être achevée d'ici deux mois sur les meilleurs moyens d'avancer vers ces objectifs, comprenant l'étude des termes de référence d'une évaluation internationale du cycle du combustible.
Les pays en voie de développement importateurs de pétrole ont des problèmes particuliers à résoudre, à la fois pour s'assurer et pour payer les approvisionnements en énergie dont ils ont besoin pour soutenir leurs programmes de développement économique. Il leur faut une aide supplémentaire pour accroître leur propre production d'énergie ; aussi espérons-nous que, au fur et à mesure de l'augmentation de ses ressources, la Banque mondiale accordera une importance particulière aux projets servant cet objectif.
Nous entendons faire tous les efforts en notre pouvoir pour assurer, dans cette période de transition, un fonctionnement harmonieux du marché de l'énergie, notamment par des mesures sévères de conservation et par le développement de toutes nos ressources énergétiques. Nous souhaitons vivement que les pays producteurs de pétrole prennent en considération ces efforts et apportent aussi leur contribution.
Ces diverses activités nous paraissent indispensables pour permettre à tous les pays de disposer, dans le présent et dans l'avenir, d'approvisionnements énergétiques réguliers à des prix raisonnables, compatibles avec une croissance économique soutenue et non inflationniste : notre intention est de parvenir, par toutes les voies utiles, à une concertation de nos politiques, tant entre nous qu'avec les autres pays.
Les relations Nord-Sud
L'économie mondiale ne peut se développer régulièrement et d'une manière équitable que si les pays en voie de développement ont leur part dans cette croissance. Des progrès ont été faits. Les pays industrialisés ont maintenu un système de marché ouvert en dépit d'une récession profonde. Ils ont accru le volume de leur aide, celle, notamment, qui est consentie aux nations les plus pauvres. L'A I D mettra quelque 8 milliards de dollars à la disposition de ces pays au cours des trois prochaines années. Grâce à notre action commune avec [[??]][[??]][[??]][[??]]d'autres pour tenir l'engagement de cinquième reconstitution des ressources de cet organisme le F.M.I. a mis, l'an dernier, une somme supplémentaire d'environ 2 milliards de dollars à la disposition des pays en voie de développement au titre du mécanisme de financement compensatoire. Enfin, les pays développés, I'O.P.E.P. et d'autres pays en voie de développement, ont uni leurs efforts pour créer un Fonds international de développement de l'agriculture.
Les progrès ainsi effectués et l'esprit de coopération qui a prévalu peuvent fournir une excellente base de départ pour de nouvelles initiatives. La prochaine étape sera marquée par le succès de la Conférence sur la coopération économique internationale, et nous sommes convenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.
Nous nous efforcerons
1. d'accroître le flux d'aide et des autres ressources réelles allant des pays industrialisés aux pays en voie de développement - au bénéfice, notamment, des huit cents millions de personnes qui vivent actuellement dans un Etat de pauvreté absolue - et améliorer l'efficacité de cette aide ;
2. de faciliter l'accès des pays en voie de développement aux sources de financement international ;
3 d'apporter notre appui aux institutions multilatérales de crédit, telle la Banque mondiale, dont nous estimons que sa capacité de prêt devra être accrue au cours de ces prochaines années pour permettre d'accroître ses concours en termes réels et d'en élargir le champ ;
4. de promouvoir les investissements sûrs indispensables pour encourager l'expansion économique mondiale ;
5. de faire en sorte que les négociations concernant la stabilisation des prix des matières premières et la création d'un Fonds commun pour des accords spécifiques de stocks régulateurs aboutissent à des résultats constructifs et d'étudier les problèmes de la stabilisation des recettes d'exportation des pays en développement ;
6. de continuer, enfin, à améliorer, sans provoquer de perturbations, l'accès des produits des nations en voie de développement aux marchés des pays industrialisés.
Il est souhaitable que les actions à entreprendre en ce sens par les pays industrialisés ou en voie de développement, soient étudiées et mises au point de concert en fonction les unes des autres et dans la perspective des objectifs plus larges communs à nos pays. Nous espérons que la Banque mondiale, conjointement avec le F.M.I., consultera les autres pays industrialisés et les nations en voie de développement dans la recherche des moyens les plus propres à obtenir ce résultat.
On ne peut dissocier le bien-être des pays industrialisés de celui des pays en voie de développement. La prospérité croissante de ces derniers rejaillit sur les pays industrialisés et réciproquement. Les deux groupes ont un intérêt mutuel à entretenir un climat de nature à favoriser une croissance régulière à l'échelle mondiale.
Source: Service de Documentation de l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon (I.E.P); France, Ministère des Affaires Etrangères © Institut d'Etudes Politiques de Lyon. 1996
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